AUTOUR DE LA LAICITE
Textes proposés au débat lors de la conférence
LAICITE, SACRALISATION des PAYS d’ACCUEIL (Gérard Gras)
Les religions ont toujours fait en sorte de s’approprier le sol sur lequel elles se développaient.
Ainsi le Christianisme conquérant des débuts a fait oublier les religions païennes qui le précédaient
en construisant des chapelles au-dessus, ou à la place, des temples, des sources, des dolmens, ou
autres endroits sacrés. Même démarche lors de la conquête des Amériques et autres lieux
inconnus : les caravelles emmenaient des prêtres qui s’empressaient de dresser des croix sur les
lieux de débarquement.
La religion s’appropriait symboliquement le sol, le sacralisait.
Les Protestants avaient imposé, en Allemagne, la règle « Tel prince, telle religion ». Si le duc de
Saxe était protestant, toute la Saxe devait être protestante. Celui de Bavière étant catholique,
toute la Bavière était, et est encore, catholique.
Ces religions conquérantes ont perdu, pour diverses raisons, une grande part de leur ardeur des
origines, et leur prosélytisme s’est calmé (sauf dans les « terres de mission »).
D’autres religions ou quasi-religions, minoritaires- comme les sectes-, ou plus récentes – comme
l’islam-, sont animées d’une volonté de conquête. Surtout si le prosélytisme est une exigence pour
les croyants.
C’est le cas pour « les témoins de Jéhovah ».C’est aussi le cas pour l’islam, car la guerre sainte
Contre les infidèles, est un devoir inscrit dans le Coran pour tout bon musulman. Il est même écrit
que pour s’assurer une place au paradis, il faut tuer un non croyant. Oui, vous avez bien entendu
« tuer un non croyant ». De quoi effrayer les infidèles que nous sommes…
Cette volonté de conquête de l’islam fait d’autant plus de bruit que les musulmans sont nombreux,
Plus de 1,5 milliard, soit 23% de la population mondiale. C’est d’ailleurs par le nombre, c'est-à-dire
par « les berceaux », que les musulmans veulent conquérir les autres pays et sacraliser leur sol.
Cela se déroule en plusieurs étapes orchestrées par les extrémistes.
1ère étape : Les musulmans sont peu nombreux. Rien ne se passe ! Tout est calme, voir USA,
Australie,Chine, Norvège (moins de 2%).
2ème étape : leur nombre s’accroît. C’est le début des réclamations, des privilèges exigés, avec
violence parfois.
C’est le cas au R.U., en Allemagne, en Espagne, en Suisse. Les exigences augmentent et se
diversifient, appuyées par des menaces, souvent : nourriture Halal dans les cantines, dans la grande
distribution, dans la restauration ; privilèges à l’hôpital (médecins femmes pour les femmes),
privilèges pour certains services (horaires réservés pour les piscines), privilèges réclamés dans
l’habillement (suppression de la jupe, foulard, puis nicab). C’est le cas aux Pays-Bas (6%), en
France (9%).
3ème étape : les musulmans dépassent les 15 à 20% de la population. Ils réclament la Charia, comme
aux Pays Bas ou au R.U. Agitation violente, incendies d’églises, de temples ou de synagogues,
milices djihadistes (en Inde, Russie, Israël, Ethiopie…).
Quand les Musulmans sont majoritaires, comme en Bosnie, en Egypte, au Tchad, au Liban, au
Soudan, en Malaisie, en Indonésie, en Albanie, la seule loi est la Charia. On constate que, partout,
les plus radicaux l’emportent toujours sur les modérés.
Et en France ?
Veulent-ils s’intégrer ?
Ceux qui répondent oui et qui osent le dire sont très peu nombreux. La pression et les menaces sur
eux sont telles qu’on les entend très peu.
Ceux qui n’en veulent pas font beaucoup de bruit et leurs manifestations sont bien organisées.
Et les autres, les modérés, croyants sincères, qui seraient, paraît-il, majoritaires, on ne les entend
pas, ou trop peu. Que pensent-ils ? Que veulent-ils ? Est-ce qu’ils veulent faire partie du « vivre
ensemble » de la République laïque ?
Personne n’est assuré de la réponse. Et, il n’y a aucun exemple dans le monde…
Laïcité et lieux de culte (Véronique Dupont)
Le besoin de légiférer sur la liberté de pratique d’un culte n’est pas récent. Déjà, en Iran connu depuis des millénaires comme l’empire perse, c’est là, il y a 2500 ans sous le règne de l’empereur Cyrus que vit le jour, gravée sur un sceau cylindre, la première déclaration des droits de l’homme et de la liberté de religion. Elle fut découverte bien des siècles plus tard.
Ce texte disait :
‘’Je suis Cyrus, roi des Rois, puissant roi, roi de Babylone, roi de Sumer et d’Akkad, roi des quatre coins du monde’’ et Il dit : ‘’J’accorde à tous les hommes la liberté d’adorer leurs dieux et ordonne que nul n’est le droit de les maltraiter pour cela’’.
La laïcité est pour nous - pour moi devrai-je dire- avant tout ce que définissent les deux premiers articles de la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des Églises et de l'État :
ARTICLE 1.
La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.
ARTICLE 2.
La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
La laïcité est donc à la fois la liberté de croyance mais aussi le refus pour la République, l'État de reconnaître la primauté d’une quelconque Église. Il est évident que de nombreux aménagements de fait ont eu lieu autour de cette loi depuis plus d'un siècle et si la question d'un "toilettage" paraît dérangeante à différents points de vue, la pratique actuelle face aux revendications religieuses nécessite je pense de s'y arrêter un instant.
Le concept de laïcité est mal vécu en France par certaines communautés, qui pensent que la laïcité est contre eux, voire en opposition à leur religion. Nous sommes dans une confusion générale que nous entretenons par manque de communication. Nous voyons bien que le politique ne peut ignorer le religieux.
La question qui se pose aujourd’hui est la suivante :
Est-ce à l’État ou aux collectivités territoriales de financer, voire de construire
des lieux de culte ?
Si le financement des lieux de culte est une préoccupation, nous pouvons émettre quelques pistes de réflexion. La base du questionnement est l'inégalité historique qui existe entre les différentes religions : il existe pratiquement une église catholique dans chaque village de France là où évidemment les temples, les mosquées ou les synagogues sont largement moins nombreuses. Les temples et les synagogues ont sans doute une répartition qui correspond plus ou moins à l'implantation majeure des populations religieuses car les minorités sont présentes sur le sol français depuis bien plus de temps que ne l'est la minorité musulmane sur le sol métropolitain.
Les églises catholiques, temples protestants et synagogues sont traités comme du patrimoine national et donc entretenues par l'État tout comme la grande Mosquée de Paris après la Première guerre mondiale et le Temple bouddhique de la Pagode de Vincennes construits pour l’exposition coloniale de 1931 (propriété exclusive de la ville de Paris). L’Etat se contente de les mettre à disposition pour l'exercice du culte. Il y a donc la question de savoir si aujourd'hui les pouvoirs publics ne devraient pas financer tout ou partie des mosquées qui sortent de terre pour permettre aux croyants d'exercer leur culte.
Évidemment, tout laïque "pur sucre" serait sans doute pour une stricte neutralité de la République et le refus net de tout. Cependant, à une époque où l'on connaît de fortes tensions religieuses et la remontée d'intégrismes dans toutes les religions, il paraît républicain de non pas se compromettre, mais s'assurer que les croyants qui le souhaitent puisse exercer leur culte dans la sérénité. Ce souci semblerait légitime mais dans les faits, les collectivités territoriales qui s'y essaient semblent peu au fait de leurs interlocuteurs religieux et de ce fait une bonne intention ne réduit en rien les risques de dérives et les aggraves même en risquant de mettre à disposition de franges radicales des biens publics.
Une idée qui peut prêter à sourire serait la mise à disposition des lieux de culte en location pour les Églises. Ainsi, une certaine « égalité » se ferait jour entre les religions. La location ne serait pas une fin en soit et les sommes demandées pourraient être minimes et nationales afin de ne pas en faire un ‘’impôt de droit de croyance ‘’ mais, c'est surtout la question du principe qui prime.
Pourquoi, également, ne pas réfléchir à la création de salle interconfessionnelle qui pourrait servir de lieux de cultes dans les localités qui n’en seraient pas pourvues à l'image de ce qui se fait dans les funérariums par exemple ?
En attendant de trouver d’autres solutions…
Laïcité et fêtes votives (Jean-Claude Daugeron)
* Il ne s'agit pas de porter un jugement, mais de prendre en compte un état de fait.
• Le principe de Laïcité impose une parfaite neutralité vis à vis de toutes les religions (sphère privée), ce qui est incompatible avec toute implication à caractère religieux d'un état laïque.
• La République elle, exerce le pouvoir en vertu d'un mandat qui lui est conféré par la souveraineté populaire; à ce titre, elle doit respecter les sensibilités de ses Citoyens électeurs. Parmi ces sensibilités des fêtes votives catholiques, issues de notre Histoire, enracinées dans notre société, sont devenues les grands rendez-vous festifs nationaux annuels.
• La République laïque se trouve ainsi entraînée malgré elle à une reconnaissance implicite de fêtes votives catholiques. Que ces fêtes aient perdu leur connotation religieuse pour beaucoup de nos concitoyens, ne règle pas pour autant l'inégalité de traitement des différentes religions qui en résulte pour la République.
• Si nous remontons aux origines, il est paradoxal que la République aujourd'hui, doive se soumettre à une primauté attribuée arbitrairement au christianisme par un empereur romain dans ses délires (☼1). Et pourtant !! L'héritage, l'état de fait est bien celui-là !
*Le problème qui se pose alors est de rechercher comment logiquement absoudre la République de cette contradiction consistant à avoir pour fêtes nationales républicaines laïques, des bases votives religieuses.
On ne peut guère imaginer, compte tenu de l'ancrage qu'elles ont dans l'inconscient populaire, supprimer purement et simplement ces fêtes.
On peut peut-être admettre qu'avec le temps leur sens religieux s'est dilué, qu'elles se sont sécularisées, ce qui est déjà presque le cas pour au moins 2 d'entre elles (Toussaint, Noël) et accepter pour solde de tout compte cette antériorité historique à condition de ne jamais la reproduire avec quelque religion que ce soit !?
La religion, partie prenante de la collusion d'origine aurait mauvaise grâce de ne pas accepter une telle remise en ordre.
La Laïcité, polysémique et tolérante devrait pouvoir s'accommoder d'une telle évolution.
(☼1) C'est sous l'habillage d'une pseudo « donation de Constantin » (306 – 317) de l'Italie à l'évêque de Rome que s'établit le pouvoir temporel de la papauté, consacrant ainsi le triomphe du christianisme sur le monde païen.