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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 16:51

Qui jette un œuf, jette un bœuf...

Par Véronique Dupont

 

C’est avec ce slogan choc que le ministère de l’agriculture lance une opération de communication auprès des communautés en ligne et invite enfants, adolescents, jeunes adultes, mamans, à propager cette campagne virale sur les réseaux sociaux et participer à la lutte contre le gaspillage alimentaire. 

Se rendre sur le site gaspillagealimentaire.fr.

 

« Chaque Français jette de 20 à 30 kgs de nourriture par an. Ce gaspillage représente environ 400 € pour une famille de 4 personnes. »

 

Dans une interview accordée au Journal du Dimanche (21 octobre 2012), Guillaume Garot, ministre délégué chargé de l’agroalimentaire, explique qu’il veut réduire de moitié le volume des déchets alimentaires d’ici à 2025 et propose « un pacte national contre le gaspillage alimentaire, signe d’une mobilisation partagée ».

 

 

1 milliard 300 000 tonnes de produits alimentaires comestibles sont jetés chaque année

 

 

Un milliard trois cent mille tonnes, 1000 300 000 000 kilos. Ce chiffre, qui donne le vertige, correspond à la quantité totale de nourriture comestible gaspillée chaque année à travers la planète, c'est-à-dire, plus d'un tiers de la production globale mondiale.

     

·         Assez pour nourrir le milliard de personnes qui souffre de la faim de manière chronique.

 

·         Assez pour préserver 100 % des vies perdues pour cause de famine.

 

·         Assez pour sauver les 300 000 morts infantiles liées à la malnutrition des mères.

 

Alors que certains experts estiment que nous avons atteint les limites de terres arables et d’eau disponibles pour l’agriculture et l’élevage, il est temps que ce problème encore relativement inconnu soit relayé par les médias, et fasse l’objet de décisions politiques au niveau international. L’accès ou non à l’eau potable et à la nourriture déterminera les conflits de demain. A nous, nantis parfois ingrats, de prendre le problème à bras le corps pour faire la différence.

 

A ceux qui me répondent que vouloir réduire ce gaspillage est un vœu pieux, je réponds que ce gâchis planétaire est l’affaire de tous. Surtout que dans les pays industrialisés, où 40 % des pertes proviennent après l’acheminement des produits en magasins, tout simplement parce que les commerçants, pour répondre à la demande des consommateurs, détruisent ou simplement refusent de commercialiser des produits qui ne répondraient pas aux canons de la perfection. Cette attitude a un impact direct sur le prix de distribution des produits alimentaires.

  

Alors, que pouvons-nous faire ?

 

Prise de conscience et action au niveau du consommateur 

 

Le documentaire Global Gâchis, diffusé sur CANAL+ et présenté par l’activiste anglais Tristram Stuart, fait un état des lieux de ce gaspillage et propose des solutions. Lors de la diffusion du documentaire, CANAL+ a organisé à Paris le 13 octobre un banquet géant à base de produits destinés au rebut. L’occasion de sensibiliser l’opinion au gaspillage alimentaire.

 

Dans les pays occidentaux, nous jetons les yaourts périmés de deux jours sans réfléchir ou les tomates un peu abîmées sans réaliser qu'elles sont toujours bonnes.

 

San-Francisco est la première ville américaine à passer une loi de ce type, les habitants doivent non seulement faire le tri de leurs ordures ménagères mais aussi isoler les déchets qui peuvent être compostés dans une petite poubelle verte financée par la ville. Le résultat ? Une prise de conscience (aussi aidée par les contraventions salées en cas de dépôt de produits compostables dans la poubelle “classique”), une réduction drastique des déchets alimentaires, et la fourniture en compost riche des agriculteurs locaux. Et la boucle est bouclée.

 

Il faut souligner que certains aliments sont encore consommables même si la date indicative de validité est dépassée, d'autres sont à éviter une fois périmés. Ainsi, il faut faire le distinction entre :

" A consommer de préférence avant le..." indique la limite d'utilisation optimale. Un produit dont la date d'utilisation optimale a été dépassée ne présente normalement pas de danger mais certaines propriétés telles que le goût, la couleur et la texture peuvent avoir été altérées (blanchissement du chocolat, ramollissement des biscuits...).

Ce sont par exemple : des denrées alimentaires séchées, les conserves, les produits à teneur élevée en sucre, les denrées alimentaires fortement acides, le lait UHT... Elles peuvent être conservées à températures ambiante et demeurent souvent comestible après leur date de péremption.

" A consommer jusqu'au..." précise la date limite de consommation. Cette inscription se trouve sur les denrées hautement périssables d'un point de vue microbiologique. Ceci implique qu'un produit dont la date limite de consommation est expirée peut présenter un risque pour la santé. Ce sont principalement des produits frais devant être conservés au réfrigérateur.

Ces produits sont par exemple : la viande fraîche, le poisson, le poulet, le lait pasteurisé, les légumes prédécoupés les repas préparés, les salades prêtes à l'emploi.

D'autre part, lorsqu'est entamé un aliment conservé au réfrigérateur, penser à y indiquer la date d'ouverture car il ne se conservera plus que très peu de temps (une fois ouvert, la date de péremption n'a plus aucune valeur).

  

Privilégier l’agriculture locale de saison :

En achetant des myrtilles du Chili, des fraises Mexicaines en hiver ou des haricots du Sénégal hors-saison, nous participons au grand gaspillage planétaire. Plus un légume ou un fruit voyage, plus il risque d’arriver abîmé, cabossé, écorné ou tout bêtement, avarié. Raccourcissons donc le temps passé en transport pour ces denrées en privilégiant les agriculteurs locaux et les produits de saison (au passage, réduisant ainsi l’empreinte carbone sur la planète).

 

Responsabilité de la petite et grande distribution : 

En adaptant au mieux leurs commandes, les supérettes et supermarchés peuvent gérer leurs stocks au plus serré et éviter d’avoir à jeter des produits consommables mais invendus (2 millions de tonnes de sur-commande finissent aux poubelles chaque année) ou à la date de péremption dépassée. 

Plutôt que de laisser les magasins copieusement arroser d’eau de javel les bennes à ordures pleines d’aliments pseudo périmés pour dissuader d’éventuels  freegans* chasseurs de poubelles, que l’Etat contraigne les grandes surfaces à mettre en place des partenariats avec des associations locales type "Les Restos du Cœur". Ceci permettrait de redistribuer des aliments totalement comestibles aux personnes défavorisées. Il est important de rappeler qu’une tomate au look “photoshopé” contient autant de vitamines que son équivalent cabossé. 

Notons une belle initiative dans certaines boulangeries de l’est de la France où les invendus de la veille sont collectés et mis dans une boutique spéciale à des prix défiants toute concurrence, ou encore la chaîne anglaise fast-food saine "Prêt A Manger" qui distribue tous ses invendus en fin de journée à des associations d’aide aux sans-logis. 

Enfin, orienter les déchets organiques vers des centres de méthanisation (fermentation, biogaz) afin de produire de l’énergie reste une valeur sûre. Sûre mais peu adoptée par les français à cause des risques  d’explosion reportés et des odeurs nauséabondes pour le moment mal maîtrisées (197 unités de méthanisation sur le territoire seulement par rapport aux 3000 présentes dans toute l’Europe).

 

Equipement des nations en voie de développement : 

Quand on sait que le gaspillage commence dans les pays en voie de développement soit environ une perte de 90 % de la production, il devient clair que la chasse au gaspi doit commencer à la source : silos de stockage en matériau pérenne, meilleur protocole d'acheminement des aliments (intégration des délais de douanes, grèves potentielles, etc...), transformation locale des produits de base en produits à conservation prolongée, sensibilisation des populations locales au stockage et à la préservation des ressources.

D’autre part, il devient urgent de mettre en place un fond commun d’information en "réseaux" pour remédier à la perte des expériences réussies, au niveau mondial, dans le domaine du développement agricole des  pays du tiers monde. Cela permettra de capitaliser les savoirs comme le souhaite Philippe Kourelski, Professeur d’immunologie au Collège de France, afin de renforcer les actions dans la lutte contre la malnutrition (visionner son intervention lors des conférences de 2011 sur le site TEDx). 

 

 

Interdiction des pubs sur-photoshopées eugéniques : 

La course en avant des représentations de fruits et de légumes parfaits qui n’existent même pas dans la nature, modifient notre perception de ce à quoi un légume parfait doit ressembler. Nous en venons à modifier notre comportement et n’acceptons plus d’acheter le légume “moche” qui reste sur l’étal du marché en fin de matinée. À l’instar des décisions prises relatives aux photos people, maquillage, etc... En Angleterre ou en Australie (voire en France), il devient essentiel d’indiquer sur les photos à quel point elles ont été manipulées afin de produire la tomate parfaite (ou le people parfait).

 

C’est une évidence : cette chasse au gaspi est l’affaire de tous :

Elle passe par une “reconnexion” avec la nature, une responsabilisation vis-à-vis des générations futures et par l’é-du-ca-tion des tous petits. Comme pour le recyclage, nous pouvons tous agir à notre niveau : individus, collectivités locales, petites et grandes sociétés, gouvernements, et servir de modèle aux autres : mères de familles qui appliquent des principes anti-gaspi à la maison, instituteurs qui en font des sujets d’étude, gouvernements qui passent les lois qui s’imposent et lancent des campagnes au message fort.

 

Pour reprendre un slogan bien connu : Yes, we can. 

  

Et vous, quelle est votre résolution anti-gaspi de l’année ?

 

 

 

 

 

 

*Freegans :

Militants pour la promotion du "gratuivorisme" et d'un nouveau mode de vie, les Freegans sont d'abord des "déchétariens". Ils profitent du gaspillage pour obtenir des denrées gratuites. Les plus engagés d'entre eux veulent démontrer par l'absurde l'ampleur du gaspillage alimentaire. Une phrase de leur mouvement dit : « La solution à la faim dans le monde se trouve dans les poubelles de New York ».

Le partage et la redistribution sont un autre thème chez les freegans. Les magasins gratuits ou à prix réduits sont basés sur le partage entre les gens et le travail de bénévoles. L'idée n'est pas de faire de la charité mais de se coordonner et de s'entraider.

Bien que l'idéologie du freegan soit plus anti-consumériste qu'environnementaliste, les valeurs de la seconde catégorie sont de plus en plus présentes dans leur démarche.

 

 

 

 

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Conférences et réunions

Conférences 2010

  • Le 19/03/2010 - "L'identité nationale, représentations, histoire, enjeux" par Roger Lefers - Agrégé de l'Université, Président du Cercle Condorcet 06 
  • Le 25/06/2010 - "Société tibétaine, bouddhisme et Dalaï Lama"  par Gérard Vial 
  • Le 30/10/2010 - "Vous avez dit misère ou pauvreté ?" par José Gomez, Diplomé en Sciences de l'Education Sociales et Humaines, Chef d'Unité d'Enseignement à l'occasion de la Journée Mondiale de la Pauvreté
  • Le 17/12/2010 - "Femme, Sociétés, Laïcité" par Jean-Claude Daugeron à l'occasion de la Fête de la Laïcité -

 Conférences 2011

  • Le 11/03/2011 - "Civisme et citoyenneté" conférence table-ronde animée par Candice Schwaar
  • Le 17/06/2011 - "Ecole publique laïque : l'enjeu" conférence-débat par Mme Christine Sampéré élue de la municipalité de la Seyne-sur-Mer
  • Le 07/10/2011 - "L'islamisme ou la modernité mutilée" par Madame Chahla Chafiq, docteure en sociologie et essayiste. Lauréate Sciences Humaines et Sociales de la 13ème Edition "Le Monde de la recherche universitaire"
  • Le 09/12/2011 - "Autour de la Laïcité en six thèmes" à l'occasion de la Fête de la Laïcité, Echange/débat, présentation de Jean-Claude Daugeron et  interventions des membres du Cercle Condorcet Var-Est

Conférences 2012

  • Le 14/03/2012 - "Condorcet aujourd'hui" conférence par le professeur Charles Coutel, spécialiste de Condorcet
  • Le 13/06/2012 - "La mission de l’école de la République et les valeurs qu’elle défend sont-elles toujours d’actualité ? "  par José Gomez
  • Le 17/10/2012 - " Spinoza face à l'intolérance " par Alain Billecoq Agrégé de Philosophie
  • Le 12/12/2012 - "La Laïcité dans un pays à majorité de population musulmane : l'expérience turque" par  Metin Ancem

Conférences 2013

  • Le 22/03/1013 - " La Constituante : Pourquoi pas ?  " par André Bellon, parlementaire AHP  anime le journal ‘’République’’ - Président de la Commission des affaires étrangères
  • Le 14/0602013 - " Les tourmentes de l'adolescence" par José Gomez
  • Le 18/10/2013 " L'humanisme solaire de Camus " par Madame Colette Guedj, écrivain et professeur émérite à l'UNSA (Université de Nice Sophia Antipolis). 2013 étant l'année du centième anniversaire de la naissance d'Albert Camus
  • Le 13/12/2013 - Manifestation consacrée à la Laïcité

 

Réunions thématiques  (Premier lundi du mois à 19 heures)

Maison des associations

213, rue de la Soleillette

83700 Saint-Raphaël 

 

Réunions thématiques 2010 

  • Le 04/01/2010- "Il faut détruire Jérusalem..." par Albert Grégoire 
  • Le 01/02/2010 - "Divorce, phénomène de société" par Jean Cristina 
  • Le 01/03/2010 - "L'information du citoyen peut-elle être impartiale ?" par Michel Ruby
  • Le 05/04/2010 - Reportée 
  • Le 03/05/2010 - "Nanotechnologie, pour le meilleur et pour le pire" par Véronique Dupont
  • Le 06/09/2010 - "Pourquoi Condorcet  ?" par Raymond Abel
  • Le 04/10/2010 - Assemblée Générale
  • Le 06/12/2010 - "Y a-t-il déclin de l'Occident ?" par Gérard Gras  

Réunions thématiques 2011

  • Le 03/01/2011 - "Le vrai visage de la République" par Michel Thomas
  • Le 07/02/2011 - "Tous malades ?!?... abus de médicaments" par Albert Grégoire
  • Le 07/03/2010 - Pas de réunion en raison de la proximité avec la table-ronde
  • Le 04/04/2011 - "Déclaration universelle des droits de l'homme et droits fondamentaux" par Véronique Dupont
  • Le 02/05/2011 - "Energies renouvables" par Michel Ruby
  • Le 06/06/2011 - "Révolution fiscale ?!?" par Michel Thomas
  • Le 05/09/2011 - Pas de réunion, reprise d'activité avec la conférence du 7/10/2011
  • Le 03/10/2011 - Pas de réunion en raison de la proximité avec la conférence
  • Le 07/11/2011 - Assemblée Générale et "Sortir de la crise. Quelles solutions possibles ?" par Gérard Gras
  • Le 05/12/2011 - Pas de réunion en raison de la proximité avec la conférence interactive

 Réunions thématiques 2012  

  • Le 02/01/2012 - Réunion annulée 
  • Le 06/02/2012 "L'eau, enjeu international et en région PACA" par Michel Ruby
  • Le 05/03/2012 - Pas de réunion en raison de la proximité avec la conférence
  • Le 02/04/2012 - " Les paradis fiscaux en 7 vers illustres " par Raymond Abel d'après le livre de Nicholas Shaxon
  • Le 07/05/2012 - " La démocratie est-elle une illusion ? " par Michel Thomas
  • Le 01/10/2012 - " Ceux pour qui la fête continue !" par Raymond Abel
  • Le 05/11/2012  -  Assemblée générale
  • Le 03/12 /2012 - "Citoyenneté, Démocratie, Etat-nation" par Albert Grégoire

Réunions thématiques 2013    

  • Le 07/01/2013 "La sélection des "élites" en démocratie" par Michel Thomas
  • Le 04/02/2013 - " Qui jette un oeuf, jette un boeuf..." par Véronique Dupont
  • Le 04/03/2013 - " L'armée française en Afrique, ces 20 dernières années " par Maurice Accary
  • Le 06/05/2013 - " Agriculture et Littoral, un avenir à haut risque... ! "par Michel Ruby
  • Le 03/06/2013 - " Le petit "De Gaulle " illustré " par Michel Thomas
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