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25 août 2015 2 25 /08 /août /2015 11:05

Chers amis du Cercle Condorcet Var Est

Je vous adresse en avant première les informations concernant le conférencier Bernd Preiss qui nous fera partager son savoir sur l'univers mystérieux des fractales.

Cette conférence sera donné dans le cadre plus vaste d'une exposition prévue à la médiathèque de Saint-Raphaël entre le 3 et le 21 octobre prochain.

Bien cordialement.

Le Président Albert Grégoire.

Fractales, Chaos et Créativité - Les mystères de l'Infini

Certaines structures très irrégulières, souvent construites par itération, possèdent des symétries de dilatation caractéristiques : l'agrandissement d'une partie est semblable au tout. Le concept de « fractalité » unifie la description de nombreux objets mathématiques ou physiques et quantifie leur degré d'irrégularité. Ce concept a été introduit en 1975 par Benoît Mandelbrot, mathématicien français qui a poursuivi ses recherches aux États-Unis, dans les laboratoires d'I.B.M.

Le terme fractal, forgé à partir du latin fractus (du verbe frangere, qui signifie « briser »), souligne le caractère fractionné à l'infini de ces ensembles présentant des irrégularités à toutes les échelles.

Ainsi, les fractales nous entraînent dans un monde qui nous est à la fois familier et plein de mystères, un monde toujours harmonieux et esthétique où les formes, les structures et les couleurs posent des questions d'ordre émotionnel et existentiel.

Issues de la GEOMETRIE FRACTALE, une des percées scientifiques majeures du XXème siècle, les fractales nous laissent entrevoir l'architecture le plus simple et la plus géniale de l'Univers.

Bernd Preiss est né à Francfort-sur-le-Main en Allemagne.Sa curiosité et sa passion pour les sciences et la nature l'amèneront à consacrer sa vie professionnelle à la haute-technologie et à la physique qui tout naturellement nourriront sa curiosité conceptuelle et esthétique.

Ses travaux de recherches deviendront ainsi le ressort et la méthode d'une interrogation artistique du monde des fractales qui représentent pour lui une source inépuisable de réflexion et d'inspiration artistique.

Il nous fait découvrir un art nouveau et nous invite à le suivre aux confins de la réalité et du rêve, à la découverte de la dimension cachée de l'Univers.

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25 août 2015 2 25 /08 /août /2015 10:11

" la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ? "

"A la fermeture du camp de réfugiés de Sangatte (Pas-de-Calais) en décembre 2002, Londres et Paris se sont accordés sur un modus operandi pour la gestion des migrants en attente de passage vers le Royaume-Uni, et dans l’autre sens.

Depuis, le ton n'a cessé de monter entre Paris et Londres à propos des migrants qui attendent dans le Nord de la France pour pouvoir passer en Angleterre. La presse britannique accuse la France de ne pas prendre ses responsabilités; en retour, certains élus français estiment que notre voisin se livre à du dumping social pur et simple.

En fait, comment fonctionne la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ?"

Par Albert Grégoire

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19 mars 2015 4 19 /03 /mars /2015 11:25
Conférence du 12 mars
Conférence du 12 mars Conférence du 12 mars

Accueil du conférencier Jean-Claude Bouchardon par le Président du Cercle Condorcet Var-Est.

Une conférence qui a attiré un public important captivé par une conférence de haute tenue qui a suscité de nombreuses interventions. Le contenu de la conférence est désormais disponible sur le blog.

Nous remercions Monsieur Jean-Claude Bouchardon.

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19 mars 2015 4 19 /03 /mars /2015 11:05

 

DARWIN et le DIVIN - Une histoire passionnelle depuis  150 ans

 Pour ma part j’ai fait connaissance avec Darwin dans les années 1960, alors que j’étais  étudiant, en classe prépa  veto au Lycée du Parc à Lyon.

Pour nous faire découvrir la théorie de Darwin, notre professeur de biologie avait choisi de nous raconter l’histoire évolutive  des Equidés. Je dois dire que j’avais été émerveillé par la simplicité et l’évidence du processus évolutif qu’il détaillait devant nous.

Il  commençait l’histoire par   l’Eohippus, qui vivait il y a 60M  d’années, de la taille d’un grand chien et doté  de   quatre doigts à chaque membre, pour finir par l’Equus, apparu il y a 4 à 5 M d’années, mesurant lui, entre 1m25 et 1m35 au garrot et doté  d’ un seul doigt  à chaque membre . Et tout naturellement, il concluait, que la sélection naturelle avait permis au cheval de se spécialiser à la course, en favorisant les individus qui ne possédaient qu’un seul doigt à chaque membre.

Je dois dire que la   théorie de Darwin satisfaisait pleinement mon esprit rationnel.

Diverses découvertes paléontologiques venaient accréditer la thèse. Il n’y avait pas d’affirmation sans preuve.

J’étais heureux d’avoir acquis une nouvelle connaissance scientifique qui venait compléter ma culture générale.

Mais quelle n’a pas été ma surprise, lorsque, quelques années plus tard, j’ai découvert au fil de mes lectures, que l’impact de Darwin avait très largement débordé le champ de la Biologie, pour intéresser    l’histoire,  la politologie,   la religion, en un mot toutes les sciences humaines.

En fait, tout a commencé le 24 novembre 1859 lorsque parait à Londres l’ouvrage d’un discret notable de province, déjà quinquagénaire, Charles Darwin. Ce jour-là son livre fait l’effet d’une bombe. Les 1250 exemplaires « De l’Origine des Espèces par le moyen de la sélection naturelle »   sont vendus dans la journée. Et depuis cent cinquante-cinq ans, les passions ne se sont jamais éteintes.

Mais que dit Darwin, pour provoquer une telle effervescence ? Et bien, sa théorie est révolutionnaire, parce qu’elle introduit la notion de hasard avec la sélection naturelle.  De plus elle fait descendre toutes les espèces vivantes d’un seul et même ancêtre commun. 

En fait, Darwin, rompt tout simplement avec le finalisme qui dominait la philosophie occidentale depuis Aristote, c'est-à-dire depuis plus de deux mille ans. Et en plus, avec Darwin, Dieu lui-même, parait inutile.

 Alors,  Mesdames et Messieurs, Vous comprenez aisément,   pourquoi Darwin a soulevé tant de passions !

 

Dans une première partie je vous présenterais   Darwin et son œuvre. Puis je vous emmènerais à la rencontre des opposants et des adeptes de sa théorie.    J’essayerais ensuite de comprendre avec vous, comment  des hommes d’inspirations philosophiques très variées, voir même opposées, ont pu élaborer, à partir d’une   même hypothèse scientifique, des  théories  radicalement différentes.  Enfin, je terminerais par une conclusion personnelle en forme de synthèse.

 

Charles Darwin est né le 12 février 1809. Il est le cinquième enfant d’une famille qui en comptait six. Il perd sa mère, assez jeune, à l’âge de 8 ans et est placé dans un externat religieux. Dans sa jeunesse, c’était un enfant plutôt distrait et tête en l’air. Mais, très tôt il s’intéresse aux sciences naturelles. Il recherche les minéraux, les coquillages, chasse les oiseaux. Collectionneur, il ramasse tout ce qu’il trouve.

Sur les conseils de son père, lui-même médecin, il entame en 1825  des études de médecine, qu’il abandonnera très rapidement. Il envisage alors une carrière de Pasteur qui lui permettrait de mener une vie facile, à la campagne. Pour cela, il part   en 1828 étudier la théologie à Cambridge.

Mais il faut bien le reconnaitre, sa vie d’étudiant est plus occupée par des promenades dans la nature que par des travaux théologiques.

Et voilà qu’en 1831,  une occasion se présente à lui, d’exercer ses talents. La marine anglaise recherche un naturaliste, sans traitement, pour accompagner un jeune capitaine, son ainé seulement  de quatre ans, le capitaine Robert Fitz-Roy, qui  envisage une expédition autour des cotes de l’Amérique du sud, afin de faire des relevés cartographiques.

Le «  Beagle », c’est le nom du bateau, quitte Devonport le 27 décembre 1831. Au lieu de durer deux ans comme prévu, l’expédition durera presque cinq ans. Longeant la côte atlantique depuis la baie de Rio jusqu’à la Terre de Feu, le Beagle croise le cap Horn, remonte la côte pacifique et atteint les iles Galápagos le 15 septembre 1835.

Il prend ensuite la direction de Tahiti, la  Nouvelle Zélande, l’Australie, passe le cap de Bonne Esperance le 31 mai 1836 et arrive à Falmouth en Angleterre le 2 octobre 1836.

Cette expédition  fournit à Darwin une masse considérable d’observations et de matériaux, d’où il tirera ses considérations théoriques. Des caisses d’échantillons, accompagnées de notes détaillées, sont envoyées régulièrement en Angleterre tout au long du voyage.

Elles contribuèrent d’ailleurs à faire connaitre le jeune naturaliste et à son retour, Darwin est déjà célèbre.

 En 1839, il publie « Voyage d’un naturaliste autour du monde ». L’ouvrage et ses travaux lui valent d’être élu membre de la « Royal Society ». L’impressionnante moisson d’échantillons de minéraux et d’animaux collectés tout au long du voyage, enrichit les connaissances de l’époque, dans des domaines aussi variés que la géologie, la zoologie ou l’anthropologie.     

Dans le domaine de la géologie, Darwin découvre de nombreux fossiles d’espèces disparues et il est convaincu que leur extinction, n’est pas due à un cataclysme.

Dans le domaine de la zoologie, Darwin observe les pinsons des iles Galápagos, les seuls oiseaux vivant dans cette contrée. Ces oiseaux sont à peu près tous de la même taille, entre 10 et 20 cm, mais leurs caractéristiques au niveau du bec sont différentes d’une ile à l’autre. Darwin émet alors l’hypothèse,  que c’est finalement l’isolement géographique et le régime alimentaire qui ont conduit à la formation d’espèces distinctes, à partir d’un ancêtre commun.

Dans le domaine de l’anthropologie, un évènement, la rencontre de peuplades de la Terre de Feu, fut déterminant pour Darwin.

Trois habitants de cette contrée, recueillis lors d’un précèdent voyage, étaient à bord du Beagle.

 Ils avaient passés quelques années en Angleterre, avaient même été baptisés, et revenaient dans leur pays, en principe comme missionnaires.

Un an après leur débarquement, le Beagle revint faire escale en Terre de Feu. De toute évidence, l’empreinte civilisatrice n’avait, pas été très résistante. Les trois Fuégiens avaient abandonné leur mission et un seul fut retrouvé. Il expliqua qu’il était très heureux d’avoir regagné sa terre natale et qu’il n’avait aucune envie de retourner en Angleterre. Darwin, qui n’avait jamais rencontré ces peuples dits « sauvages » dans leur milieu naturel, découvrit à cette occasion, la grande différence dans le développement des groupes humains, la grande différence entre ces « primitifs » et l’anglais « civilisé ». Il lui apparut alors, que finalement, l’humain n’était pas si éloigné de l’animal et que la différence était plus d’ordre culturel que naturel.

De retour en Angleterre, après avoir mis en forme les matériaux qu’il avait rapportés de l’expédition du Beagle,   Darwin prit conscience, du bienfondé d’une vision évolutive du vivant.

D’ailleurs, le petit fils d’Erasmus ne pouvait ignorer les idées évolutionnistes   de son grand père. Médecin libre penseur, admirateur du français Lamarck, Erasmus Darwin, est l’auteur de  « Zoonomie », une théorie de la formation graduelle et du perfectionnement du règne animal. 

  Mais Darwin hésite encore et toujours à publier ses travaux.  Vingt ans après son retour d’expédition, il n’en a toujours pas terminé la rédaction. Il fallut  la parution d’un mémoire d’Alfred Russel Wallace en juin 1858, qui reprenait en partie sa théorie de la sélection naturelle, pour que Darwin  se décide, enfin, à publier son œuvre majeure.  Le 24 Novembre 1859 paraissait donc à Londres «  L’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie. ». 

L’hypothèse, développée dans son livre, solidement argumentée par ses observations,  est simple : les organismes individuels produisent des descendants  qui leur ressemblent (c’est l’hérédité), mais avec de petites variations. Ces variations peuvent être favorables ou défavorables aux descendants en fonction du milieu.

 Et c’est le milieu naturel qui sélectionne les plus aptes à survivre.

 Mais cela suppose aussi que le milieu exerce une certaine pression sur les individus car il ne peut pas tous les nourrir.

Darwin avait été très impressionné par la théorie du sociologue Malthus, et il écrit : «  Comme il nait plus d’individus qu’il n’en peut vivre, il doit y avoir, dans chaque cas, lutte pour l’existence, soit avec un autre individu de la même espèce, soit avec des individus d’espèces différentes, soit avec les conditions physiques de la vie. ».

Il y a donc une «  lutte pour la vie (struggle for life) » dont l’idée, reconnait Darwin « provoque de tristes réflexions ». Mais Darwin conserve l’espoir que cette lutte ne sera pas vaine : Il écrit « la guerre n’est pas incessante dans la nature…la peur y est inconnue…la mort est généralement prompte, et … ce sont les plus vigoureux, sains et heureux qui survivent et se multiplient. » Ainsi la nature « sélectionne » les individus les mieux adaptés, qui sont assurés d’avoir une plus grande descendance. Ne survivent à terme que les variantes qui présentent des caractères susceptibles de résister aux conditions du milieu et aux prédateurs.

Pour Darwin, les variations entre générations sont de faible ampleur, « graduelles ». Un principe fondamental à ses yeux est que «  la nature ne fait pas de sauts brusques. Elle  ne peut avancer que par degrés insignifiants, lents et surs ».

Mais, avec le temps,   lorsque les différences deviennent telles que les individus ne peuvent plus se croiser entre eux, ces variations peuvent donner naissance à  de nouvelles espèces.

Pour résumer, le modèle darwinien se décline selon trois composantes :

  • 1 - Toutes les formes de vie, après modification, descendent d’un ancêtre commun
  • 2 - Existence de variations aléatoires sélectionnées par la nature
  • 3 - Nécessité d’un temps très long  pour accomplir la sélection.

A ces trois composantes Darwin en a rajouté deux autres un peu plus tard :

  • La sélection sexuelle (la femelle, ou parfois le male, choisit le partenaire le plus fort ou le plus séduisant).
  • La sélection de groupe (certains individus peuvent se sacrifier au profit de la survie du groupe).

Alors,  tout naturellement, vient à l’esprit cette question. Pourquoi ne pas appliquer ce modèle à l’émergence de l’espèce humaine ? Il était évident que l’Humanité appartenait au règne animal.  La proximité de l’homme avec les grands singes avait d’ailleurs été relevée depuis déjà longtemps. Linné lui-même, s’en était fait  l’écho.

Mais Darwin hésite toujours à franchir le pas.

Il est conscient des réactions que cela ne manquera pas de provoquer. Va-t-on en déduire que l’homme descend du singe ? N’est-ce  pas la fin de la morale ?

Pourtant,   douze ans après  l’Origine des Espèces  Darwin publie  le 24 février 1871 un ouvrage encore plus volumineux que le précédent : « La filiation de l’homme (the descent of Man) ».

A l’époque on ne possédait quasiment pas de fossiles humains préhistoriques. La première véritable découverte date de 1857, soit deux ans avant la parution de l’Origine des espèces. Cette découverte, c’est celle d’un squelette humain dans la vallée allemande de Néander, squelette que l’on appela tout naturellement : l’homme de Neandertal. Puis en 1868 ce fut l’Homme de Cro-Magnon et en 1891 le pithécanthrope de Java, considéré à l’époque comme le chainon manquant entre le singe et l’homme. Puis la fréquence des découvertes s’accélère à partir des années 1920 : sinanthrope en Chine, l’australopithèque en Afrique, etc., etc...

Bien que ne connaissant pas toutes ces découvertes, Darwin dans sa « Filiation de l’Homme », propose une vision progressive de l’humanité. Pour lui le passage de l’animalité à l’humanité est une lente croissance à travers des étapes successives.   

Mesdames et Messieurs, Darwin venait d’ouvrir la boite de Pandore de tous les bouleversements possibles. Toutes les passions allaient pouvoir s’exacerber.

 Comme on pouvait s’y attendre, la première à se sentir mal à l’aise, fut L’Eglise.  Il est vrai que le modèle darwinien remet en cause, sinon des dogmes, tout au moins certaines représentations habituelles du christianisme.

 La première   concerne la chronologie biblique. La longue durée nécessaire au processus évolutif s’oppose bien évidemment à la brièveté de la création selon la Genèse. Le schéma darwinien suppose un temps beaucoup plus long que 4000 ans avant la naissance du Christ.

 Cette lecture littérale de la bible alimente d’ailleurs aujourd’hui la controverse avec les créationnistes, dont nous reparlerons tout à l’heure. Pourtant les premiers éléments d’une lecture critique de la bible ne datent pas d’aujourd’hui, puisque au XVIIe siècle, Galilée, reprenant Saint Augustin,  avançait comme argument pour sa défense, lors de son fameux procès, que les textes de l’Ecriture sont « accommodés » aux lecteurs du temps. S’ils parlent de fixité de la terre, c’est que cela correspondait à la cosmologie de l’époque.  

Le deuxième problème posé par Darwin  à l’Eglise est le rôle de Dieu dans la Création. Jusque-là, plus les naturalistes découvraient des mondes nouveaux et des espèces nouvelles, plus ils pouvaient s’émerveiller devant l’ordre harmonieux de la nature,  dont l’origine ne pouvait être que « surnaturelle ».

Or Darwin prétend fournir une explication à cette adaptation qui ne fait appel à aucune instance extérieure à la nature. Dieu n’aurait  plus aucun rôle dans la marche du monde. Le Darwinisme devient, pour certains, la meilleure démonstration de la non existence de Dieu. 

Enfin  troisième problème pour l’Eglise, le rôle mis en avant par Darwin, du hasard. Il met en cause la notion même de Providence et l’intervention d’un hasard fondamental semble ramener le chaos au premier plan.

Différentes   instances religieuses (le Concile allemand en 1860, la   commission biblique pontificale en 1909) ont bien entendu dénoncé cette remise en cause de la nature humaine par l’œuvre darwinienne.  Mais il faut bien le reconnaitre, il n’y a  eu pratiquement pas de réaction officielle.   «  L’origine des  espèces » de Charles Darwin n’a pas été mise à l’index comme l’avait été   l’œuvre d’Erasmus Darwin son grand-père. 

Il faut attendre 1950 et l’encyclique « Humani generis », du très conservateur Pie XII, pour avoir une   expression officielle. Le Pape déclare que « le magistère de l’église n’interdit pas que la doctrine de l’évolution, dans la mesure où elle recherche l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante et vivante,  soit l’objet, dans l’état actuel des sciences et de la théologie, d’enquêtes et de débats entre savants de l’un et de l’autre parti. »    

 C’est un grand tournant. Cette encyclique ne prend certes pas parti pour la théorie de l’évolution et apporte de nombreuses restrictions. Mais elle   ouvre la porte aux recherches. C’est un feu orange pour les scientifiques et les clercs.   

 Il faut ensuite attendre Jean-Paul II, pour avoir des prises de position plus positives. En 1996, devant l’Académie des Sciences, celui-ci déclare : « aujourd’hui, après la parution de l’encyclique, de nouvelles connaissances conduisent à reconnaitre dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse. Il est en effet remarquable que cette théorie se soit progressivement imposée à l’esprit des chercheurs, à la suite d’une série de découvertes faites dans diverses disciplines du savoir. La convergence, nullement recherchée ou programmée, des résultats de travaux menés indépendamment les uns des autres, constituent par elle-même un argument significatif en faveur de cette théorie. »  Il  rappelle toutefois, que la science reste limitée dans son propos, quand il s’agit de l’homme.  

 Benoit XVI est resté sur la même ligne.  

Tel est aujourd’hui la position officielle de l’Eglise catholique.

Mais,  je ne peux pas terminer ce chapitre sur les relations entre l’Eglise catholique et  Darwin,   sans parler de Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955). Il est connu, en effet, comme celui qui a réconcilié la science et la religion, le christianisme et l’évolution.  Tout au long de sa vie, ce jésuite a tenté d’effectuer une véritable synthèse entre une vision chrétienne et une vision évolutive du monde vivant.

Certes, comme on le verra un peu plus loin, Teilhard a rencontré des oppositions y compris au sein de l’église catholique.  

 Teilhard, dès son enfance,   s’intéresse à l’histoire naturelle et plus particulièrement aux minéraux.  Il est profondément croyant.  Dans son autobiographie écrite en 1950 «  le cœur de la matière » il note un « retournement », qui s’opère en lui, lorsqu’il prend conscience que la vraie consistance, n’est pas dans la dureté du métal mais dans l’évolution du vivant.

Entré dans la Compagnie de Jésus, ses supérieurs l’encouragent à s’orienter vers la paléontologie. Le père  Teilhard entre donc au Museum d’histoire naturelle en 1911.  La guerre malheureusement interrompt ses recherches, mais après la démobilisation, il soutient sa thèse en 1922.

C’est à cette époque qu’a lieu un incident qui eut de grandes conséquences sur la suite de ses travaux. Une  note personnelle  sur « le péché originel » rédigée en 1921 et destinée à l’un de ses confrères jésuites, a le malheur (on ne sait pas par quel canal) de parvenir sur un bureau romain. Il faut dire que cette note n’était pas tout à fait anodine. Teilhard ne faisait pas moins que de mettre en doute l’existence du pêché d’Adam.

 En novembre 1924, Teilhard est convoqué par son supérieur provincial qui lui demande de ne plus s’exprimer sur des sujets théologiques et lui annonce son départ pour la Chine.

La Chine a été pour lui un formidable terrain d’expérimentation. En particulier, il participe, à la découverte du sinanthrope, le fameux homme préhistorique de Pékin. La période chinoise dure jusqu'à la fin de l’occupation japonaise. Mais à son retour en France, certains censeurs perçoivent chez Teilhard, l’ombre « d’une nouvelle théologie ». Il semble une fois encore préférable de l’éloigner de Paris et c’est New-York qui l’accueille jusqu’à sa mort le 10 mai 1955.

Rapidement, quelle est la thèse de Teilhard ? Pour lui l’évolution doit avoir un sens. Le monde commence dans la matière. La matière, animée par Dieu, tend à se complexifier toujours davantage.

Cette complexité s’accompagne d’une plus grande « centration » c'est-à-dire qu’elle s’accompagne d’une plus grande « conscience » pour les organismes très complexes comme l’organisme humain. Pour Teilhard la logique de l’évolution est une logique d’unification et non de dispersion. Le processus d’unification se poursuit au-delà de l’émergence de l’homme, au-delà de l’accès à la pensée, vers l’émergence de la  « noosphère », ou l’homme rejoindra Dieu en un « point Oméga ».   

Rassurez- vous, Mesdames et Messieurs,   j’arrête là mon exégèse. Tout d’abord parce que je ne suis  pas un spécialiste de Teilhard de Chardin, et ensuite parce que ce n’est, bien sûr, pas le sujet de ce soir. Disons en conclusion, que   Teilhard a su séduire certains esprits par sa position originale, mais il en a aussi beaucoup déroutés.  

 

Si aujourd’hui, l’Eglise catholique officielle  s’accommode de la théorie de l’évolution, si les chrétiens sincères peuvent l’accepter non seulement comme une possibilité mais  aussi comme un fait établi, il n’en va pas de même pour certaines communautés religieuses fondamentalistes.  

Leur rejet  du Darwinisme a donné naissance à un  phénomène, au départ typiquement américain, que l’on appelle le « Créationnisme ».

Les premiers mouvements   apparaissent en effet, dans les années 1920, dans le sud des Etats Unis, rural et pauvre, sur fond de guerre mondiale et de révolution bolchevique. En fait, ce  « créationnisme » de la première heure est issu du puritanisme religieux des Pères fondateurs de l’Amérique, fuyant une Angleterre qu’ils jugeaient décadente.  

 Il faut dire aussi que le  contexte typiquement nord-américain d’une multitude d’églises protestantes, a favorisé l’émergence d’un nombre impressionnant de sectes, couvrant toutes les formes imaginables de cultes et de croyances.

 Et c’est en leur sein que sont apparus « Les Créationnistes ». Ceux-ci refusent tout modernisme et professent la Genèse comme la seule vérité sur la création du monde. Pour ces fondamentalistes protestants, la Terre à 6000 ans, comme il est écrit dans la bible, le déluge a bien eu lieu, Dieu a créé les espèces vivantes en six jours et dans leurs formes actuelles, et l’homme en couronnement de la nature.  

Suite à ce développement des thèses créationnistes, à partir de 1921, certains Etats américains ont été conduits à promouvoir des lois pour interdire l’enseignement de l’évolution, dans les écoles.  

Un célèbre procès a eu lieu   en 1925 à Dayton dans le Tennessee, que l’on a appelé le premier « procès du singe ».

Un jeune instituteur, John Scopes, est accusé d’avoir enseigné, en bravant la loi en vigueur, la théorie de l’évolution dans son école. Il est soutenu par les courants libéraux et en face c’est l’avocat William Bryan qui défend les valeurs traditionnelles. Voici un extrait de sa défense: «  Celui qui conçoit la thèse évolutionniste donne à l’étudiant une famille vieille de trois millions d’années et le laisse ensuite aller à la dérive, avec une capacité infinie à faire le bien et le mal sans aucune lumière pour le guider, sans compas pour lui indiquer la route, sans carte sur l’océan de la vie. »

 Finalement, Scopes perd son procès et est condamné à verser une amende de cent dollars. Mais l’affaire est médiatisée.  La campagne fondamentaliste porte malgré tout ses fruits : les éditeurs d’ouvrages     scolaires préfèrent éviter toute référence à Darwin pour pouvoir vendre leurs livres. 

Apres quelques années de calme, aux USA, les passions s’échauffent à nouveau après la seconde guerre mondiale. Le lancement du premier Spoutnik, fait réaliser aux américains, leur retard scientifique. Ils comprennent alors que le développement de la Biologie passe par un enseignement de la théorie de l’évolution.

Les lois antiévolutionnistes sont rapportées et finissent par être déclarées anticonstitutionnelles.

C’est dans ce contexte que Henry Morris (1918-2006) lance en 1963 le « créationnisme scientifique ». Ces nouveaux créationnistes s’emploient à démontrer que la théorie darwinienne n’a pas le statut de rigueur scientifique qu’elle prétend avoir.

Puis dans  les années 1970,  avec le contexte troublé de la guerre du Vietnam, on assiste à un retour du fondamentalisme. Plusieurs Présidents républicains militent en faveur d’un traitement équilibré entre la théorie de l’évolution et la doctrine de la création. Ronald Reagan, candidat à la maison blanche, déclare en 1981 : «  L’évolutionnisme est seulement une théorie scientifique, une théorie que la communauté scientifique ne croit plus aussi infaillible qu’on l’a cru autrefois. En tout cas, si l’on se décide à l’enseigner dans les écoles, je pense qu’on devrait aussi enseigner le récit biblique de la création. »

Suite à cette offensive,   une douzaine d’Etats américains   adoptent des lois,   prévoyant  un « traitement équilibré » des théories, concernant l’origine des êtres vivants.  

C’est alors qu’à lieu le deuxième « procès du singe », à Little Rock dans l’Arkansas, en 1981. Et l’on découvre, que loin d’avoir disparu, le créationnisme avait poursuivi son œuvre pendant plus d’un demi-siècle. Loin d’être resté confiné dans le sud agricole traditionnaliste, il avait conquis les Etats du nord les plus modernes.

 Ce procès, très médiatisé,  donna lieu à un grand débat public au cours duquel les grandes Eglises chrétiennes et le Congre juif se démarquèrent des options créationnistes.  

Comme en son temps Ronald Reagan, Georges W Bush, en 1999, propose,   s’il est élu, que l’on enseigne désormais le récit de la Genèse en même temps que la théorie de l’évolution. Ceci afin, disait-il, que l’éducation dans les écoles publiques ait un fondement moral.

Sous ses deux premières formes, le créationnisme est aujourd’hui en voie de régression. Mais une nouvelle théorie est apparue, plus subtile, sans référence explicitement religieuse : « l’Intelligent Design » que l’on peut traduire par « Dessein Intelligent ». Ses principaux auteurs en sont le juriste Phillip Johnson (né en 1941), le biologiste Michael Behe (né en 1952) et le mathématicien William Dembski (né en 1960).

La thèse centrale de ce mouvement est que la succession des évènements qui débouchent sur la vie et sur l’émergence de l’intelligence, ne peut être attribué au hasard. Les simples lois naturelles n’ont pas pu produire « l’information complexe   » qui caractérise les formes vivantes. L’explication par des processus physico-chimiques ne suffit pas non plus. Il faut un autre ordre  d’interprétation. «  Pour expliquer la vie, il est nécessaire de supposer l’action d’une intelligence qui n’a pas évoluée ».

L’un des arguments centraux de cette théorie, est la complexité « irréductible ». Par exemple, l’œil est un système trop subtil pour résulter des seules forces de la nature et ne peut  être le fruit du hasard.

A première vue, cette théorie peut paraitre séduisante. Mais il faut raison garder.  Que la biologie n’explique pas tout dans l’état actuel des connaissances est une évidence. Mais qu’elle ne puisse jamais expliquer la constitution évolutive de l’œil est un pari qu’aucun biologiste ne voudrait prendre. Nombre de phénomènes inexpliqués à une époque ont trouvé ultérieurement un éclaircissement. Les arguments du « dessein intelligent » ne sont pas sans rappeler la démarche créationniste. On retrouve en effet la même crainte que l’univers soit une grande machine sans but, sans finalité.

En France, les courants créationnistes ont toujours été extrêmement marginaux. Mais subrepticement le monde musulman   vient de s’inviter. 

  Bon nombre de professeurs signale la difficulté qu’ils ont depuis quelques années, à enseigner la théorie de l’évolution  aux jeunes musulmans. En janvier 2007, un ouvrage de 800 pages intitulé « l’Atlas de la Création » richement illustré et réfutant les thèses de Darwin au nom de l’islam, est distribué gratuitement, par milliers, dans nos écoles et nos institutions. L’auteur démontre que l’évolution est un mythe. La démonstration se base sur une masse de photographies de  « fossiles », censées montrer qu’il n’y a aucune évolution des espèces. En conclusion, il accuse le darwinisme de tous les maux de nos sociétés occidentales : racisme, fascisme, communisme, athéisme,  jusqu’aux attentats du 11 septembre !

Le  mystérieux expéditeur est un certain Harum Yahya. Derrière ce pseudonyme, se cache en fait le prédicateur turc Adnan Oktar, fondateur de la « Fondation pour la Recherche et la Science ». Cette fondation travaille activement à la suppression de toute idée d’évolution dans l’enseignement turc. Il faut aussi savoir, que ce mouvement antiévolutionniste, le plus virulent du monde musulman, est très actif sur internet et les réseaux sociaux.

A l’opposé de la sphère religieuse,   le Darwinisme a séduit tous ceux qui ont compris que l’on pouvait appliquer le modèle,  aussi bien aux systèmes physiques qu’aux systèmes sociaux. En effet la théorie de la sélection naturelle permet aussi d’expliquer de nombreux aspects du développement culturel et intellectuel de l’humanité.

Curieuse coïncidence, l’année de parution de « l’Origine des espèces »  (1859), Karl Marx publie « Contribution à la critique de l’économie politique », une première étude qui annonce son œuvre principale « le Capital ».

C’est Engels qui perçut le premier dans « l’Origine des espèces » la démonstration « qu’il y a bien un développement historique dans la nature ». Il signala l’ouvrage à Marx. Au terme d’une première lecture Marx et Engels s’enthousiasmèrent de ce que Darwin, avec sa théorie de l’évolution,   justifie scientifiquement leur opposition à la religion. Darwin est sensationnel parce qu’il  « démoli » la théologie, parce qu’il lui porte un « coup mortel ».

  La réfutation darwinienne du religieux enchanta si bien Marx et Engels que l’on peut relever, selon Régis Ladous, entre la fin 1859 et le début 1861, l’esquisse de ce qui aurait pu être un Darwino-marxisme, une sorte de matérialisme dialectique sociobiologique.

En décembre 1860, Marx écrit à Engels qu’il croit reconnaitre dans « l’origine des espèces » : «  le fondement historico-naturel de notre position ». Et il persiste un mois plus tard en écrivant « le livre de Darwin est très important et me convient comme base de la lutte historique des classes ». Mais dans le tome premier du capital en 1867, il n’y a plus aucune trace d’un quelconque rapprochement entre la lutte des classes et la lutte pour la vie, le mouvement dialectique et l’évolution selon Darwin.

  En 1873 Marx envoie à Darwin un exemplaire du « Capital ». Dans une lettre     datée du premier octobre de la même année, Darwin remercie Marx pour son intention. Il y affirme aussi «  ne guère comprendre l’économie politique et constate que ses études ont été «différentes ».   Il termine sa lettre par  une profession de foi scientiste : « je crois, écrit Darwin, que nous désirons tous les deux sérieusement l’extension de la connaissance, et que cela, à la longue, ajoutera surement au bonheur de l’humanité ». La dessus Darwin coupa 105 des 822 pages du Capital et rangea définitivement l’ouvrage dans sa bibliothèque.  

Il refusa à Marx,  le 13 octobre 1880,   la dédicace d’un ouvrage à paraitre.

Décidemment, le rendez-vous de Marx avec Darwin fut, comme le dit Patrick Tort,  « un rendez-vous manqué ».      

En France, des marxistes comme Paul Lafargue et Jules Guesde défendront la théorie darwinienne pour les mêmes raisons idéologiques que Marx, c'est-à-dire en tant qu’elle s’oppose à la religion. Pour eux, Darwin et Marx ont une même conception matérialiste de l’évolution. 

Dans l’URSS des  années 1930 - 1950,  sur fond de marxisme stalinien,  un  certain Lyssenko, a  recours lui aussi au Darwinisme, pour assoir  sa doctrine   pseudo-scientifique, doctrine qui  remettait en cause, excusez du peu, la théorie de l’hérédité.

 Il faut savoir, que  depuis la disparition de Darwin en 1882, la biologie avait fait un bon considérable. Le moine autrichien Mendel  avec ses travaux sur les hybrides ( je précise au passage que Mendel était le contemporain de Darwin , mais que ses recherches sont passées totalement inaperçues à cette époque et qu’elles ont été redécouvertes en fait trente ans plus tard), le moine Mendel donc,  l’allemand Weismann avec sa démonstration de la non transmission héréditaire  des caractères acquis, et l’américain Morgan avec ses expériences sur les mutations de la mouche drosophile, avaient contribué à l’avènement d’une nouvelle discipline en biologie : la génétique.

 Mais dans l’URSS de Staline, les généticiens « bourgeois » sont présentés comme des « saboteurs, des incapables ou des ennemis du prolétariat… ».

 C’est alors,   qu’intervient un chercheur en biologie- agronomie de l’académie Lénine des Sciences, le fameux Lyssenko. Celui-ci se réclame des bases matérialistes du darwinisme pour mieux rejeter la nouvelle théorie de l’hérédité. Pour preuve il met en avant l’ignorance avouée de Darwin dans ce domaine, en citant un de ses écrits : « Nous ne pouvons  prétendre expliquer ni les causes, ni la nature de la variabilité chez les êtres organiques ». Et pour cause, Darwin est mort avant l’avènement de la génétique.

 La mauvaise foi est évidente. Mais elle permet à Lyssenko de réfuter les travaux de Weismann, et d’affirmer la transmissibilité des caractères acquis. De même, Lyssenko rejette la génétique mendélienne et  prétend  à l’existence possible, en lieu et place des chromosomes, d’un « organe de l’hérédité » !

  En fait, encouragé et soutenu   par Staline, le lyssenkisme est à  but essentiellement, sinon uniquement, idéologique. Il est  présenté par ses partisans comme l’exemple réalisé d’une « science prolétarienne » en opposition avec la « science bourgeoise ». Le Lyssenkisme est en cohérence avec l’idéologie communiste  qui a une vision manichéenne du monde.  

En France, en 1948, le poète stalinien Louis  Aragon, s’improvise biologiste, en consacrant un numéro de sa revue « Europe » à la promotion des thèses lyssenkistes. Le titre de son article est éloquent : « Un grand évènement scientifique : l’hérédité n’est pas commandée par de mystérieux facteurs … ». Il faudra attendre  1958 pour que Jean Rostand, compagnon de route du PCF, commence à faire part de ses doutes.

 En URSS c’est seulement en 1965, avec la chute de Khrouchtchev,  que la génétique réintègre la recherche scientifique.

Pauvre Darwin. Il s’est trouvé mêlé bien malgré lui, à une scandaleuse affaire, dont le but évident, était de promouvoir une science pour ses vertus politiques et non pour sa véracité scientifique. En cela, le « lyssenkisme » peut être rapproché du « créationnisme » et faire figure de pendant politico- marxiste à la réaction religieuse fondamentaliste.

Vous l’avez compris Mesdames et Messieurs, l’attrait des politiques pour la théorie de Darwin provient essentiellement de son extension possible aux systèmes sociaux. Il est d’ailleurs fascinant de voir comme on peut être darwinien de droite comme de gauche. Ainsi à l’opposé du marxisme, Darwin a aussi fortement inspiré le Libéralisme de son époque. 

Une illustration en est  le «  Darwinisme social » de Herbert Spencer (1820-1903)  dont le développement rapide, a  du même coup,  fortement contaminé l’interprétation du darwinisme. 

  Penseur indépendant, Spencer, exerce différents métiers. Il travaille quelques temps pour la revue « The Economist », avant d’obtenir suffisamment de revenus pour ne plus dépendre d’un employeur.

 A ses yeux, l’idée d’évolution est une idée globale, qui s’applique aussi bien aux espèces animales qu’aux sociétés. La lecture de l’ouvrage de Darwin fait découvrir à Spencer, la sélection naturelle. Dans son livre « Principes de biologie » (1864), il forge l’expression « survie du plus apte  », reprise ultérieurement par Darwin. Son originalité est d’appliquer la sélection naturelle aux sociétés humaines, ce que Darwin s’était bien gardé  de faire.

Spencer en tire un principe « libéral » de prééminence de l’individu, véritable entité sociale. L’individu prime sur le collectif. Dans la société, il ne peut s’accomplir que par lui-même, en restreignant au maximum toute influence   de l’Etat. Le rôle de l’Etat doit se borner à protéger l’individu des agressions extérieures.   Il faut donc donner toutes leurs chances « aux plus aptes » ou « aux plus adaptés ».

Mais que faire des « inadaptés » ? La réponse de Spencer est claire et cinglante : « Tout l’effort de la nature est de s’en débarrasser, d’en dégager le monde et de faire place aux meilleurs ». Les lois sociales qui protègent les « inaptes » sont donc nuisibles au progrès social. « L’idée d’agir pour éviter les souffrances humaines va contre les lois de la nature : la misère actuelle des pauvres est le résultat actuel de leur mauvaise conduite ». No comment.

Malgré tout, les idées de Spencer sont globalement bien accueillies par une opinion anglaise qui aspire à sortir de l’ordre ancien, dominé par les traditions aristocratiques et religieuses. Quant à  Darwin il n’épouse pas pour autant toutes les idées de Spencer. Son ami, Thomas Huxley, surnommé le « bouledogue de Darwin », vient à son secours et  critique vigoureusement la philosophie de Spencer.

Pour lui les règles de la nature ne peuvent pas être transposées aux sociétés humaines. Les normes éthiques ne doivent pas  dériver de l’évolution.

Une autre figure célèbre peut être mise en parallèle avec Spencer. Celle de Francis Galton (1822-1911). Cousin de Darwin, explorateur, météorologue il devient criminologue (c’est lui qui introduit les empreintes digitales comme reconnaissance des individus).

Ayant découvert l’œuvre de Spencer, il cherche à l’exploiter concrètement et devient l’inventeur de l’eugénisme. Il s’agit de favoriser les plus aptes, ceux qui sont « bien nés » (eugenês, en grec, d’où l’invention du mot eugenic). Ceux qui ont les meilleurs caractéristiques, santé, intelligence, capacité de travail, doivent être encouragés à faire davantage d’enfants. C’est ce que l’on appelle « l’eugénisme positif ».

Galton se réfère explicitement au travail des éleveurs. Ceux-ci cherchent en effet, à améliorer les races animales, à partir de critères qu’ils ont fixés eux-mêmes   (rendement en lait ou en viande par exemple). La même technique peut et même doit  être transposée dans les sociétés humaines.

La morale judéo-chrétienne ayant une fâcheuse tendance à protéger les faibles, il y a un risque grandissant à voir apparaitre une dégénérescence de la race.

 Pour Galton, les critères de sélection sont ceux du milieu. La référence est l’homme occidental (en particulier britannique, of course) en tant qu’il est actif et entreprenant. A cela s’opposent des formes de décadence interne (alcoolisme, tares physiques ou mentales) ou externe (les races « inférieures ») qu’il faut combattre. L’eugénisme positif glisse insensiblement vers un eugénisme négatif : éliminer les plus faibles ou ceux qui sont différends.

Galton, comme beaucoup de ses contemporains, craint surtout que l’espèce humaine dégénère du fait des progrès de l’hygiène et de la médecine. La sélection naturelle ne pourra plus jouer son rôle. Les organismes faibles auront plus de chance de survivre et transmettront ainsi leurs gènes défectueux à leurs descendants.

 Galton exercera une forte influence sur une partie de la société américaine du XXe siècle. De plus ses idées se trouveront fortement renforcées par l’apparition de cette science nouvelle : la génétique. C’est ainsi qu’aux Etats Unis,  le « Cold Spring Harbor Laboratory » de Long Island propose de 1910 à 1940 un programme de stérilisation des inaptes, essentiellement mentaux. Divers Etats adoptent des lois dans ce sens. Ces considérations génétiques justifient aussi l’interdit qui frappe les mariages interraciaux.

 Bien entendu, Mesdames et Messieurs, notre propos sur l’eugénisme, ne peut nous éviter de rappeler l’usage qui en a été fait  dans l’Allemagne nazie. Hitler était un lecteur assidu de Spencer. Les conséquences sont malheureusement trop connues pour qu’il soit nécessaire d’en reparler, ici.

Toutefois, si l’on en croit Patrick Tort, il n’est pas question de mettre toutes ces pratiques   sur le compte d’une quelconque « ambiguïté » du darwinisme. Pour le Président de l’Institut Charles  Darwin International, « la sélection naturelle sélectionne la civilisation qui s’oppose à la sélection naturelle. ».

Pour expliquer cette affirmation, pour le moins paradoxale,  Patrick Tord avance, qu’il faut   toujours avoir présent à l’esprit que, pour Darwin,  la sélection naturelle sélectionne non seulement des variations organiques, présentant un avantage adaptatif, mais aussi des instincts.

 Parmi ces instincts avantageux, « les instincts sociaux » ont été tout particulièrement retenus et développés, comme le prouve le triomphe universel des peuples dits « civilisés ».  Pour preuve, Patrick Tord avance que, dans son livre « la Filiation de l’Homme » Darwin, affirme clairement que grâce à la civilisation, l’élimination des moins aptes a été remplacée par le devoir d’assistance ;  l’extinction naturelles des malades et des infirmes a été stoppée par l’apparition des technologies et des savoirs (hygiène, médecine, etc…). 

Ainsi par le biais des instincts sociaux, la sélection naturelle, sans saut ni rupture, a sélectionné une éthique de la protection des faibles, traduite en une règle de conduite que l’on appelle tout simplement : la morale.

Pour expliquer le développement de cette éthique évolutionniste, d’aucun pourront  y voir l’influence positive de la morale religieuse. A l’inverse,  Patrick  Tort,  lui, y voit la base d’une « théorie matérialiste de la morale », permettant   de soustraire l’éthique, à l’emprise dogmatique des morales religieuses.

 Des contemporains de Darwin aux plus actuels de nos sociobiologistes   , la liste est longue, de ceux qui se sont enferrés, en général avec de très bonnes intentions envers le genre humain, dans la logique de l’amélioration de l’espèce humaine, sur les fondements de la logique biologique.

  Citons pêle mêle, l’anthropologue français Georges Vacher de Lapouge (1854-1936) militant socialiste , membre  de la SFIO, Alexis Carrel (chirurgien français, Prix Nobel de médecine en 1912) auteur du célèbre ouvrage « l’homme cet inconnu » (1935), Charles Richet (Physiologiste marxiste britannique), Julian Huxley (biologiste britannique, membre fondateur de L’UNESCO et du WWF), et les découvreurs de la structure de l’ADN, Watson et Crick, tous penseurs se réclamant de l’évolutionnisme et dont les œuvres ont eu un immense succès, malgré des projets politiques eugénistes affichés.

Aujourd’hui gardiens du patrimoine génétique, les évolutionnistes ont trouvé, dans le développement des biotechnologies,   une nouvelle voie : celle de modifier directement la nature humaine. Insidieusement l’eugénisme est de retour.

 En France, aujourd’hui, seules certaines maladies particulièrement graves et mettant le diagnostic vital en jeu, peuvent justifier d’un diagnostic préimplantatoire (DPI). C’est le cas des trisomies 21 et 18 dont le dépistage gratuit concerne désormais la quasi-totalité des grossesses.

 Mais demain, il n’est pas exclu que   la présence d’un gène que l’on aura découvert, prédisposant par exemple à l’homosexualité ou à l’obésité,   ne soit pas considéré comme rédhibitoire pour l’enfant à venir, dans une société où les  parents souhaitent de plus en plus « choisir » leur   enfant. On en arrive à un « eugénisme de précaution » qui, en France, pourrait être insidieusement favorisé par le   « Principe de précaution »,  désormais inscrit dans la Constitution.

Mesdames, Messieurs, nous voici arrivés  à la dernière partie de notre exposé, celle où nous allons essayer de répondre à cette question :

 Comment des hommes, s’inspirant de la raison et du progrès, ont-ils pu, à partir de la même thèse darwinienne, élaborer des théories  aussi radicalement différentes ?   

Comment des hommes aux idées aussi opposés, que Marx et Spencer, Engels et Galton ont-ils  pu, les uns et les autres,  trouver  leur caution scientifique chez Darwin ?

En premier lieu, et c’est une évidence, la théorie de l’évolution de Darwin a un caractère d’universalité. Elle peut en effet   s’appliquer aussi bien à la Nature   qu’au développement social de l’Humanité.

 Ensuite, même si c’est une science extrêmement technique, la Biologie pose des questions centrales pour la vie humaine : qu’est-ce que la vie ? Qu’est-ce que l’humain, si ce n’est pas simplement de « l’animal » ? Le processus de la vie a-t-il un sens ou doit-il tout au hasard ? Ces questions philosophiques, débordent largement la compétence du biologiste, mais il ne peut les ignorer. Et le philosophe ne peut ignorer les travaux du biologiste.  

Jusqu'à Darwin, l’homme pouvait dormir tranquille. L’organisation de la nature était inscrite dans un  finalisme ayant pour origine Dieu ou un Grand Horloger.

Jusqu’à Darwin, les découvertes scientifiques  les plus révolutionnaires, étaient rassurantes, même si elles dérangeaient l’ordre établi par l’Eglise.

 Les mouvements célestes avec Galilée, les systèmes mécaniques avec Newton, répondaient à des lois. La science permettait de rassurer la raison humaine    en rapportant les « changements » à  des lois stables. Mais avec Darwin le changement n’est plus un épiphénomène, le changement c’est la loi de la vie, soumise au hasard.  

L’ordre du monde en était bouleversé et la perspective du hasard ne pouvait qu’ouvrir la porte, à tous les bouleversements, à tous les extrêmes.

Mais, si l’on peut comprendre la réaction d’un monde religieux,   agressé dans ses convictions conservatrices, il est   plus difficile de comprendre les dérives d’hommes se réclamant de la raison et  du progrès. 

L’’explication, il faut la rechercher dans le contexte historique. Celui-ci, en effet, est éminemment favorable.  La réception de l’œuvre darwinienne se fait   dans un environnement, le XIXe siècle, marqué en Angleterre, par une énorme  « aspiration vers le progrès ».

C’est  l’époque qui voit le développement, de l’industrialisation, du capitalisme et l’émergence d’une classe bourgeoise, qui aspire à sortir de l’ordre ancien, dominé par les traditions aristocratiques et religieuses.

 

 A cela s’ajoute la crainte de la prolifération d’une classe de population, le prolétariat, jugée incapable de contribuer au progrès social, c'est-à-dire a la croissance des ressources. Crainte amplifiée par la thèse de Thomas Malthus (1766-1834),   au début du XIXe siècle. En effet, pour ce pasteur et économiste, l’augmentation d’une population sur un territoire donné est plus rapide que l’augmentation des ressources que peut fournir ce même territoire.  

De plus, l’accumulation de nouvelles connaissances   donne l’impression de pouvoir   tout repenser en termes scientifiques et   remettre en cause les anciens dogmes immuables.

 On attend de la science une vision systématique du monde et de la société. Dans ce siècle de révolution politique, économique, sociale, pas plus le monde que les sociétés humaines, ne sont considérées comme des choses stables et immuables. Les mots évolution et progrès sont  devenus des synonymes.   

Même Dieu n’est plus gênant, puisque Darwin l’a tué ! Individualisme,  eugénisme, rationalisme, fascisme,  marxisme   peuvent   faire bouillonner leurs idées dans un même chaudron, le Darwinisme !     Bernard Shaw  lui-même, disait :   « Darwin eut la chance de plaire à quiconque avait une hache à affuter »  

C’est ainsi, que  prenant pour postulat le statut animal de l’homme,   certains  évolutionnistes  vont, sous couvert de rationalisme, jusqu’à remplacer  les concepts d’éducation et de liberté,   par des notions de dressage et de domestication.  Poussant le raisonnement à l’extrême, ils déclarent, que comme en élevage, il faut contrôler la reproduction de l’homme. Sa domestication implique sa soumission aux impératifs sociaux et communautaires. De tels dévoiements du darwinisme donneront naissance à des théories favorables à l’eugénisme ou au racisme.

D’autres, considérant  la théorie de Darwin comme un fondement scientifique de l’évolution  des sociétés humaines,   vont  alors proposer aux peuples la seule alternative politique  qu’ils jugent souhaitable: une oligarchie, réunissant  on s’en doute,  des experts agissant au nom du bien de l’humanité toute entière. Le Totalitarisme,   puisqu’ il faut bien l’appeler par son nom, apparait alors, comme une forme particulièrement adaptée à ces projets grandioses, qu’ils soient  de droite ou de gauche, fasciste ou marxiste.

Mesdames et Messieurs, aucun excès ne justifie son contraire.  Exact pendant des excès de spiritualisme,  les excès de rationalisme et de matérialisme,  se révèlent  tout aussi dangereux,   lorsque  science et philosophie, science et politique s’instrumentalisent mutuellement. Ce danger n’est pas seulement un souvenir du passé, c’est malheureusement aussi une vision de l’avenir très inquiétante.   

Aujourd’hui en France, Science   et  Politique, ont des relations dangereuses car elles ont besoin l’une de l’autre. La recherche parce qu’elle est financée en grande partie par la politique (CNRS par ex). La politique parce qu’elle est sous l’influence du discours scientifique qui lui offre une sorte de caution, une raison d’agir. Comme le dit Didier Sicard, Président du Comité Consultatif National d’Ethique : « Il y a toujours un moment ou la politique prend la science au mot pour transformer la société, au motif que la « science dit vrai ». De toute évidence le Darwinisme   a été, l’une des premières théories scientifiques  à en faire les frais.

 

Mesdames et messieurs, nous voici arrivés au terme de cette histoire passionnelle de plus de 150 ans. Je vous livre maintenant  ma conclusion  .

Tout d’abord, il faut surtout se garder de   penser qu’il n’existe   que deux choix possibles : d’un côté une science radicalisée par la philosophie et la politique   , et de l’autre, une religion fondamentaliste. On l’a vu, ces positions extrêmes nous  mènent systématiquement dans une impasse. Elles  conduisent toutes au dogmatisme ou au sectarisme.

 

Comme toujours les réflexions les plus fécondes sont  dans l’entre deux, là ou un véritable échange se produit, loin des idéologies qui veulent tout englober.

 

En fait, Sciences et religion, matérialisme et spiritualisme au lieu de s’opposer doivent se compléter.

Chacun d’entre nous garde en mémoire le jugement et l’abjuration forcée de Galilée, en 1633. Ces faits dans notre paysage culturel résonnent comme le symbole des affrontements entre science et religion.

 Pourtant, Galilée  a sans doute été le premier à mettre en avant, la complémentarité de la science et de la religion en affirmant lors de son procès : « la science nous dévoile comment est le ciel, la religion nous enseigne  comment y aller ! ». Une sorte de laïcité où chacun intervient dans son domaine tout en respectant celui de l’autre.

 

Parce qu’il est le seul animal à savoir qu’il va mourir, l’homme a besoin de donner un sens à sa vie. La science par son coté rationnel et rassurant  peut  apporter une réponse à cette quête. Mais la réponse est forcément incomplète. La science ne peut pas   expliquer  le « pourquoi   suprême », ni la valeur éternelle de l’amour.  La spiritualité   apporte à l’homme, qui veut bien le recevoir, le complément de réponse que la science   lui refuse.  

   

  Comme le dit le biologiste américain Stephen Jay Gould,  «  de même que l’organisme a besoin pour subsister, à la fois de nourriture et de sommeil, aucune Totalité ne peut se dispenser des apports variés de parties indépendantes ».    Gould, auteur de la théorie évolutionniste de « l’équilibre ponctué », agnostique et pourfendeur du   « créationnisme »,    défend un principe qu’il appelle le NOMA : c'est-à-dire le principe de NOn-empietement des MAgisteres.

 

Voici comment il le définit :  « Premièrement, ces deux domaines ( la science et la religion) sont d’égale valeur et aussi nécessaire l’un que l’autre à toute existence humaine accomplie ; deuxièmement , ils restent distincts quant à leur logique et entièrement séparés quant à leur styles de recherche, même si nous devons étroitement intégrer les perspectives des deux magistères  pour élaborer la riche et pleine conception de l’existence que l’on désigne traditionnellement comme « sagesse ».

 

 Un passage de la Bible, illustre parfaitement cette définition.   Il s’agit du chapitre 20 de l’Evangile de Jean qui parle du sujet,  certainement le plus difficile à appréhender par un scientifique : la résurrection.  Jésus ressuscité apparait d’abord à Marie Madeleine, puis à tous les disciples sauf Thomas, alors absent. S’ensuit le récit suivant :

 

« Thomas appelé Didyme, l’un des douze, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint.

Les autres disciples lui dire donc : nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son coté, je ne croirai point. »

Thomas se comporte la, en   vrai scientifique. Il lui faut des preuves. Pas seulement une, mais trois preuves. C’est ce que l’on peut appeler, de la rigueur scientifique.

L’histoire continue. Jésus revient une semaine plus tard. Thomas est présent.

« Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d’eux et dit : la paix soit avec vous !

Puis il dit à Thomas : avance ici ton doigt, et regarde mes mains, avance aussi ta main et mets la dans mon côté, et ne sois pas crédule, mais crois.

Thomas lui répondit : mon seigneur mon Dieu !

Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! »

 

Tout est dit.

Science  et religion,  ne procèdent pas de la même logique.  

 La Science a sa raison que la Foi ne connait pas.

La Science a besoin de connaissance.  La Religion, elle, n’est

pas   affaire de Connaissance.

 

Curieusement, les progrès de l’imagerie  médicale, nous

apprennent que  le cerveau humain lui-même, ne loge pas

dans le même hémisphère la raison et le spirituel, la Science

et la Religion.  

 Chaque hémisphère à sa spécificité : à l’hémisphère

gauche, la science et  la raison, à l’hémisphère droit, la

religion et  le spirituel.

Mais si l’homme veut à la fois connaitre le cœur et la raison,  

il a  besoin de son Cerveau tout entier, de ses deux

hémisphères. 

Pour terminer, Mesdames et Messieurs,   je voudrais revenir un  instant sur le statut d’animal, conféré à l’homme par les évolutionnistes. On a vu tout le danger qu’il y avait, de réduire l’homme à sa seule animalité (eugénisme, racisme etc..). Il faut aussi se méfier de ceux qui mélangent à dessein, zoomorphisme et anthropomorphisme, afin de mieux entretenir la confusion. 

 

Bien sûr pour moi, l’Homme,  d’un point de vue évolutif, est   un animal. Mais c’est un animal singulier.   Pour moi  l’Homme occupe une place à part dans  le règne animal.

 

Etymologiquement, l’animal c’est l’être animé, c'est-à-dire doté d’une âme (anima). Pour Aristote, ce mot ne désignait pas tous les êtres. Il réservait le mot animal aux vivants qui montrent « une capacité de connaissance sensible ». Parmi ceux-ci, il faisait un tri : d’un côté les « animaux » doués de la parole « logos » et de l’autre, tous les autres.

Je partage cette approche. L’homme est un animal d’exception.    

Je ne reviendrais pas sur les arguments classiques : l’encéphale de

l’homme est l’organe qui s’est le plus développé au cours de

l’évolution,   avec pour corollaire l’acquisition d’une intelligence

supérieure. L’homme est le seul animal capable de parler et écrire.

L’homme est le seul animal a enterré ses morts et à avoir une

interrogation métaphysique.    

 

Tous ces arguments sont connus. Mais il y a plus spécifique à

l’homme. A partir du moment où  l’espèce humaine s’est organisée

en société, l’éducation a été privilégiée à la sélection. Le petit de

l’homme, grâce à l’éducation transmise par  ses parents et   la

société, bénéficie de toutes les connaissances acquises  par

l’Humanité depuis son commencement.

C’est grâce à cette culture universelle que l’Humanité a pu et

continue de  faire des progrès.

Chez l’animal, le petit n’a pour tout bagage, que ses instincts  et ce

qu’il apprend  en imitant ses parents, c'est-à-dire leurs maigres

acquis d’une seule et courte vie.  Tout est à refaire à chaque

génération, ce qui rend le progrès impossible pour les sociétés

animales.

La transmission des connaissances,    de générations en générations,

que l’on appelle plus simplement l’éducation, est  le propre de

l’homme.

Cette évolution spécifique de l’homme,  a été le moteur principal du progrès de l’humanité  au cours des siècles.

 Sans elle, l’homme serait resté à tout jamais, un animal comme les autres.

Mais, je ne voudrais pas terminer mon exposé sans revenir à

Darwin. Je  lui laisse  le mot de la fin. Voici ce qu’il écrivait

en 1860 à son collaborateur Asa Gray :

« Je ne peux me contenter de voir cet univers magnifique et surtout la nature de l’homme et conclure que tout cela n’est que le résultat de forces brutes.

 Je suis disposé à regarder toute chose comme provenant de lois faites à dessein, mais dont les détails, soit bons soit mauvais, auraient été abandonnés à ce que nous pouvons appeler le hasard ».

 

Voilà de quoi relancer le débat « hasard et finalité »,  « science et  religion ».

 

Passionnant, non !

 

                                                         J.C. BOUCHARDON

                                                             12 Mars 2015

DARWIN et le DIVIN - Une histoire passionnelle depuis  150 ans

 Pour ma part j’ai fait connaissance avec Darwin dans les années 1960, alors que j’étais  étudiant, en classe prépa  veto au Lycée du Parc à Lyon.

Pour nous faire découvrir la théorie de Darwin, notre professeur de biologie avait choisi de nous raconter l’histoire évolutive  des Equidés. Je dois dire que j’avais été émerveillé par la simplicité et l’évidence du processus évolutif qu’il détaillait devant nous.

Il  commençait l’histoire par   l’Eohippus, qui vivait il y a 60M  d’années, de la taille d’un grand chien et doté  de   quatre doigts à chaque membre, pour finir par l’Equus, apparu il y a 4 à 5 M d’années, mesurant lui, entre 1m25 et 1m35 au garrot et doté  d’ un seul doigt  à chaque membre . Et tout naturellement, il concluait, que la sélection naturelle avait permis au cheval de se spécialiser à la course, en favorisant les individus qui ne possédaient qu’un seul doigt à chaque membre.

Je dois dire que la   théorie de Darwin satisfaisait pleinement mon esprit rationnel.

Diverses découvertes paléontologiques venaient accréditer la thèse. Il n’y avait pas d’affirmation sans preuve.

J’étais heureux d’avoir acquis une nouvelle connaissance scientifique qui venait compléter ma culture générale.

Mais quelle n’a pas été ma surprise, lorsque, quelques années plus tard, j’ai découvert au fil de mes lectures, que l’impact de Darwin avait très largement débordé le champ de la Biologie, pour intéresser    l’histoire,  la politologie,   la religion, en un mot toutes les sciences humaines.

En fait, tout a commencé le 24 novembre 1859 lorsque parait à Londres l’ouvrage d’un discret notable de province, déjà quinquagénaire, Charles Darwin. Ce jour-là son livre fait l’effet d’une bombe. Les 1250 exemplaires « De l’Origine des Espèces par le moyen de la sélection naturelle »   sont vendus dans la journée. Et depuis cent cinquante-cinq ans, les passions ne se sont jamais éteintes.

Mais que dit Darwin, pour provoquer une telle effervescence ? Et bien, sa théorie est révolutionnaire, parce qu’elle introduit la notion de hasard avec la sélection naturelle.  De plus elle fait descendre toutes les espèces vivantes d’un seul et même ancêtre commun. 

En fait, Darwin, rompt tout simplement avec le finalisme qui dominait la philosophie occidentale depuis Aristote, c'est-à-dire depuis plus de deux mille ans. Et en plus, avec Darwin, Dieu lui-même, parait inutile.

 Alors,  Mesdames et Messieurs, Vous comprenez aisément,   pourquoi Darwin a soulevé tant de passions !

 

Dans une première partie je vous présenterais   Darwin et son œuvre. Puis je vous emmènerais à la rencontre des opposants et des adeptes de sa théorie.    J’essayerais ensuite de comprendre avec vous, comment  des hommes d’inspirations philosophiques très variées, voir même opposées, ont pu élaborer, à partir d’une   même hypothèse scientifique, des  théories  radicalement différentes.  Enfin, je terminerais par une conclusion personnelle en forme de synthèse.

 

Charles Darwin est né le 12 février 1809. Il est le cinquième enfant d’une famille qui en comptait six. Il perd sa mère, assez jeune, à l’âge de 8 ans et est placé dans un externat religieux. Dans sa jeunesse, c’était un enfant plutôt distrait et tête en l’air. Mais, très tôt il s’intéresse aux sciences naturelles. Il recherche les minéraux, les coquillages, chasse les oiseaux. Collectionneur, il ramasse tout ce qu’il trouve.

Sur les conseils de son père, lui-même médecin, il entame en 1825  des études de médecine, qu’il abandonnera très rapidement. Il envisage alors une carrière de Pasteur qui lui permettrait de mener une vie facile, à la campagne. Pour cela, il part   en 1828 étudier la théologie à Cambridge.

Mais il faut bien le reconnaitre, sa vie d’étudiant est plus occupée par des promenades dans la nature que par des travaux théologiques.

Et voilà qu’en 1831,  une occasion se présente à lui, d’exercer ses talents. La marine anglaise recherche un naturaliste, sans traitement, pour accompagner un jeune capitaine, son ainé seulement  de quatre ans, le capitaine Robert Fitz-Roy, qui  envisage une expédition autour des cotes de l’Amérique du sud, afin de faire des relevés cartographiques.

Le «  Beagle », c’est le nom du bateau, quitte Devonport le 27 décembre 1831. Au lieu de durer deux ans comme prévu, l’expédition durera presque cinq ans. Longeant la côte atlantique depuis la baie de Rio jusqu’à la Terre de Feu, le Beagle croise le cap Horn, remonte la côte pacifique et atteint les iles Galápagos le 15 septembre 1835.

Il prend ensuite la direction de Tahiti, la  Nouvelle Zélande, l’Australie, passe le cap de Bonne Esperance le 31 mai 1836 et arrive à Falmouth en Angleterre le 2 octobre 1836.

Cette expédition  fournit à Darwin une masse considérable d’observations et de matériaux, d’où il tirera ses considérations théoriques. Des caisses d’échantillons, accompagnées de notes détaillées, sont envoyées régulièrement en Angleterre tout au long du voyage.

Elles contribuèrent d’ailleurs à faire connaitre le jeune naturaliste et à son retour, Darwin est déjà célèbre.

 En 1839, il publie « Voyage d’un naturaliste autour du monde ». L’ouvrage et ses travaux lui valent d’être élu membre de la « Royal Society ». L’impressionnante moisson d’échantillons de minéraux et d’animaux collectés tout au long du voyage, enrichit les connaissances de l’époque, dans des domaines aussi variés que la géologie, la zoologie ou l’anthropologie.     

Dans le domaine de la géologie, Darwin découvre de nombreux fossiles d’espèces disparues et il est convaincu que leur extinction, n’est pas due à un cataclysme.

Dans le domaine de la zoologie, Darwin observe les pinsons des iles Galápagos, les seuls oiseaux vivant dans cette contrée. Ces oiseaux sont à peu près tous de la même taille, entre 10 et 20 cm, mais leurs caractéristiques au niveau du bec sont différentes d’une ile à l’autre. Darwin émet alors l’hypothèse,  que c’est finalement l’isolement géographique et le régime alimentaire qui ont conduit à la formation d’espèces distinctes, à partir d’un ancêtre commun.

Dans le domaine de l’anthropologie, un évènement, la rencontre de peuplades de la Terre de Feu, fut déterminant pour Darwin.

Trois habitants de cette contrée, recueillis lors d’un précèdent voyage, étaient à bord du Beagle.

 Ils avaient passés quelques années en Angleterre, avaient même été baptisés, et revenaient dans leur pays, en principe comme missionnaires.

Un an après leur débarquement, le Beagle revint faire escale en Terre de Feu. De toute évidence, l’empreinte civilisatrice n’avait, pas été très résistante. Les trois Fuégiens avaient abandonné leur mission et un seul fut retrouvé. Il expliqua qu’il était très heureux d’avoir regagné sa terre natale et qu’il n’avait aucune envie de retourner en Angleterre. Darwin, qui n’avait jamais rencontré ces peuples dits « sauvages » dans leur milieu naturel, découvrit à cette occasion, la grande différence dans le développement des groupes humains, la grande différence entre ces « primitifs » et l’anglais « civilisé ». Il lui apparut alors, que finalement, l’humain n’était pas si éloigné de l’animal et que la différence était plus d’ordre culturel que naturel.

De retour en Angleterre, après avoir mis en forme les matériaux qu’il avait rapportés de l’expédition du Beagle,   Darwin prit conscience, du bienfondé d’une vision évolutive du vivant.

D’ailleurs, le petit fils d’Erasmus ne pouvait ignorer les idées évolutionnistes   de son grand père. Médecin libre penseur, admirateur du français Lamarck, Erasmus Darwin, est l’auteur de  « Zoonomie », une théorie de la formation graduelle et du perfectionnement du règne animal. 

  Mais Darwin hésite encore et toujours à publier ses travaux.  Vingt ans après son retour d’expédition, il n’en a toujours pas terminé la rédaction. Il fallut  la parution d’un mémoire d’Alfred Russel Wallace en juin 1858, qui reprenait en partie sa théorie de la sélection naturelle, pour que Darwin  se décide, enfin, à publier son œuvre majeure.  Le 24 Novembre 1859 paraissait donc à Londres «  L’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie. ». 

L’hypothèse, développée dans son livre, solidement argumentée par ses observations,  est simple : les organismes individuels produisent des descendants  qui leur ressemblent (c’est l’hérédité), mais avec de petites variations. Ces variations peuvent être favorables ou défavorables aux descendants en fonction du milieu.

 Et c’est le milieu naturel qui sélectionne les plus aptes à survivre.

 Mais cela suppose aussi que le milieu exerce une certaine pression sur les individus car il ne peut pas tous les nourrir.

Darwin avait été très impressionné par la théorie du sociologue Malthus, et il écrit : «  Comme il nait plus d’individus qu’il n’en peut vivre, il doit y avoir, dans chaque cas, lutte pour l’existence, soit avec un autre individu de la même espèce, soit avec des individus d’espèces différentes, soit avec les conditions physiques de la vie. ».

Il y a donc une «  lutte pour la vie (struggle for life) » dont l’idée, reconnait Darwin « provoque de tristes réflexions ». Mais Darwin conserve l’espoir que cette lutte ne sera pas vaine : Il écrit « la guerre n’est pas incessante dans la nature…la peur y est inconnue…la mort est généralement prompte, et … ce sont les plus vigoureux, sains et heureux qui survivent et se multiplient. » Ainsi la nature « sélectionne » les individus les mieux adaptés, qui sont assurés d’avoir une plus grande descendance. Ne survivent à terme que les variantes qui présentent des caractères susceptibles de résister aux conditions du milieu et aux prédateurs.

Pour Darwin, les variations entre générations sont de faible ampleur, « graduelles ». Un principe fondamental à ses yeux est que «  la nature ne fait pas de sauts brusques. Elle  ne peut avancer que par degrés insignifiants, lents et surs ».

Mais, avec le temps,   lorsque les différences deviennent telles que les individus ne peuvent plus se croiser entre eux, ces variations peuvent donner naissance à  de nouvelles espèces.

Pour résumer, le modèle darwinien se décline selon trois composantes :

  • 1 - Toutes les formes de vie, après modification, descendent d’un ancêtre commun
  • 2 - Existence de variations aléatoires sélectionnées par la nature
  • 3 - Nécessité d’un temps très long  pour accomplir la sélection.

A ces trois composantes Darwin en a rajouté deux autres un peu plus tard :

  • La sélection sexuelle (la femelle, ou parfois le male, choisit le partenaire le plus fort ou le plus séduisant).
  • La sélection de groupe (certains individus peuvent se sacrifier au profit de la survie du groupe).

Alors,  tout naturellement, vient à l’esprit cette question. Pourquoi ne pas appliquer ce modèle à l’émergence de l’espèce humaine ? Il était évident que l’Humanité appartenait au règne animal.  La proximité de l’homme avec les grands singes avait d’ailleurs été relevée depuis déjà longtemps. Linné lui-même, s’en était fait  l’écho.

Mais Darwin hésite toujours à franchir le pas.

Il est conscient des réactions que cela ne manquera pas de provoquer. Va-t-on en déduire que l’homme descend du singe ? N’est-ce  pas la fin de la morale ?

Pourtant,   douze ans après  l’Origine des Espèces  Darwin publie  le 24 février 1871 un ouvrage encore plus volumineux que le précédent : « La filiation de l’homme (the descent of Man) ».

A l’époque on ne possédait quasiment pas de fossiles humains préhistoriques. La première véritable découverte date de 1857, soit deux ans avant la parution de l’Origine des espèces. Cette découverte, c’est celle d’un squelette humain dans la vallée allemande de Néander, squelette que l’on appela tout naturellement : l’homme de Neandertal. Puis en 1868 ce fut l’Homme de Cro-Magnon et en 1891 le pithécanthrope de Java, considéré à l’époque comme le chainon manquant entre le singe et l’homme. Puis la fréquence des découvertes s’accélère à partir des années 1920 : sinanthrope en Chine, l’australopithèque en Afrique, etc., etc...

Bien que ne connaissant pas toutes ces découvertes, Darwin dans sa « Filiation de l’Homme », propose une vision progressive de l’humanité. Pour lui le passage de l’animalité à l’humanité est une lente croissance à travers des étapes successives.   

Mesdames et Messieurs, Darwin venait d’ouvrir la boite de Pandore de tous les bouleversements possibles. Toutes les passions allaient pouvoir s’exacerber.

 Comme on pouvait s’y attendre, la première à se sentir mal à l’aise, fut L’Eglise.  Il est vrai que le modèle darwinien remet en cause, sinon des dogmes, tout au moins certaines représentations habituelles du christianisme.

 La première   concerne la chronologie biblique. La longue durée nécessaire au processus évolutif s’oppose bien évidemment à la brièveté de la création selon la Genèse. Le schéma darwinien suppose un temps beaucoup plus long que 4000 ans avant la naissance du Christ.

 Cette lecture littérale de la bible alimente d’ailleurs aujourd’hui la controverse avec les créationnistes, dont nous reparlerons tout à l’heure. Pourtant les premiers éléments d’une lecture critique de la bible ne datent pas d’aujourd’hui, puisque au XVIIe siècle, Galilée, reprenant Saint Augustin,  avançait comme argument pour sa défense, lors de son fameux procès, que les textes de l’Ecriture sont « accommodés » aux lecteurs du temps. S’ils parlent de fixité de la terre, c’est que cela correspondait à la cosmologie de l’époque.  

Le deuxième problème posé par Darwin  à l’Eglise est le rôle de Dieu dans la Création. Jusque-là, plus les naturalistes découvraient des mondes nouveaux et des espèces nouvelles, plus ils pouvaient s’émerveiller devant l’ordre harmonieux de la nature,  dont l’origine ne pouvait être que « surnaturelle ».

Or Darwin prétend fournir une explication à cette adaptation qui ne fait appel à aucune instance extérieure à la nature. Dieu n’aurait  plus aucun rôle dans la marche du monde. Le Darwinisme devient, pour certains, la meilleure démonstration de la non existence de Dieu. 

Enfin  troisième problème pour l’Eglise, le rôle mis en avant par Darwin, du hasard. Il met en cause la notion même de Providence et l’intervention d’un hasard fondamental semble ramener le chaos au premier plan.

Différentes   instances religieuses (le Concile allemand en 1860, la   commission biblique pontificale en 1909) ont bien entendu dénoncé cette remise en cause de la nature humaine par l’œuvre darwinienne.  Mais il faut bien le reconnaitre, il n’y a  eu pratiquement pas de réaction officielle.   «  L’origine des  espèces » de Charles Darwin n’a pas été mise à l’index comme l’avait été   l’œuvre d’Erasmus Darwin son grand-père. 

Il faut attendre 1950 et l’encyclique « Humani generis », du très conservateur Pie XII, pour avoir une   expression officielle. Le Pape déclare que « le magistère de l’église n’interdit pas que la doctrine de l’évolution, dans la mesure où elle recherche l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante et vivante,  soit l’objet, dans l’état actuel des sciences et de la théologie, d’enquêtes et de débats entre savants de l’un et de l’autre parti. »    

 C’est un grand tournant. Cette encyclique ne prend certes pas parti pour la théorie de l’évolution et apporte de nombreuses restrictions. Mais elle   ouvre la porte aux recherches. C’est un feu orange pour les scientifiques et les clercs.   

 Il faut ensuite attendre Jean-Paul II, pour avoir des prises de position plus positives. En 1996, devant l’Académie des Sciences, celui-ci déclare : « aujourd’hui, après la parution de l’encyclique, de nouvelles connaissances conduisent à reconnaitre dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse. Il est en effet remarquable que cette théorie se soit progressivement imposée à l’esprit des chercheurs, à la suite d’une série de découvertes faites dans diverses disciplines du savoir. La convergence, nullement recherchée ou programmée, des résultats de travaux menés indépendamment les uns des autres, constituent par elle-même un argument significatif en faveur de cette théorie. »  Il  rappelle toutefois, que la science reste limitée dans son propos, quand il s’agit de l’homme.  

 Benoit XVI est resté sur la même ligne.  

Tel est aujourd’hui la position officielle de l’Eglise catholique.

Mais,  je ne peux pas terminer ce chapitre sur les relations entre l’Eglise catholique et  Darwin,   sans parler de Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955). Il est connu, en effet, comme celui qui a réconcilié la science et la religion, le christianisme et l’évolution.  Tout au long de sa vie, ce jésuite a tenté d’effectuer une véritable synthèse entre une vision chrétienne et une vision évolutive du monde vivant.

Certes, comme on le verra un peu plus loin, Teilhard a rencontré des oppositions y compris au sein de l’église catholique.  

 Teilhard, dès son enfance,   s’intéresse à l’histoire naturelle et plus particulièrement aux minéraux.  Il est profondément croyant.  Dans son autobiographie écrite en 1950 «  le cœur de la matière » il note un « retournement », qui s’opère en lui, lorsqu’il prend conscience que la vraie consistance, n’est pas dans la dureté du métal mais dans l’évolution du vivant.

Entré dans la Compagnie de Jésus, ses supérieurs l’encouragent à s’orienter vers la paléontologie. Le père  Teilhard entre donc au Museum d’histoire naturelle en 1911.  La guerre malheureusement interrompt ses recherches, mais après la démobilisation, il soutient sa thèse en 1922.

C’est à cette époque qu’a lieu un incident qui eut de grandes conséquences sur la suite de ses travaux. Une  note personnelle  sur « le péché originel » rédigée en 1921 et destinée à l’un de ses confrères jésuites, a le malheur (on ne sait pas par quel canal) de parvenir sur un bureau romain. Il faut dire que cette note n’était pas tout à fait anodine. Teilhard ne faisait pas moins que de mettre en doute l’existence du pêché d’Adam.

 En novembre 1924, Teilhard est convoqué par son supérieur provincial qui lui demande de ne plus s’exprimer sur des sujets théologiques et lui annonce son départ pour la Chine.

La Chine a été pour lui un formidable terrain d’expérimentation. En particulier, il participe, à la découverte du sinanthrope, le fameux homme préhistorique de Pékin. La période chinoise dure jusqu'à la fin de l’occupation japonaise. Mais à son retour en France, certains censeurs perçoivent chez Teilhard, l’ombre « d’une nouvelle théologie ». Il semble une fois encore préférable de l’éloigner de Paris et c’est New-York qui l’accueille jusqu’à sa mort le 10 mai 1955.

Rapidement, quelle est la thèse de Teilhard ? Pour lui l’évolution doit avoir un sens. Le monde commence dans la matière. La matière, animée par Dieu, tend à se complexifier toujours davantage.

Cette complexité s’accompagne d’une plus grande « centration » c'est-à-dire qu’elle s’accompagne d’une plus grande « conscience » pour les organismes très complexes comme l’organisme humain. Pour Teilhard la logique de l’évolution est une logique d’unification et non de dispersion. Le processus d’unification se poursuit au-delà de l’émergence de l’homme, au-delà de l’accès à la pensée, vers l’émergence de la  « noosphère », ou l’homme rejoindra Dieu en un « point Oméga ».   

Rassurez- vous, Mesdames et Messieurs,   j’arrête là mon exégèse. Tout d’abord parce que je ne suis  pas un spécialiste de Teilhard de Chardin, et ensuite parce que ce n’est, bien sûr, pas le sujet de ce soir. Disons en conclusion, que   Teilhard a su séduire certains esprits par sa position originale, mais il en a aussi beaucoup déroutés.  

 

Si aujourd’hui, l’Eglise catholique officielle  s’accommode de la théorie de l’évolution, si les chrétiens sincères peuvent l’accepter non seulement comme une possibilité mais  aussi comme un fait établi, il n’en va pas de même pour certaines communautés religieuses fondamentalistes.  

Leur rejet  du Darwinisme a donné naissance à un  phénomène, au départ typiquement américain, que l’on appelle le « Créationnisme ».

Les premiers mouvements   apparaissent en effet, dans les années 1920, dans le sud des Etats Unis, rural et pauvre, sur fond de guerre mondiale et de révolution bolchevique. En fait, ce  « créationnisme » de la première heure est issu du puritanisme religieux des Pères fondateurs de l’Amérique, fuyant une Angleterre qu’ils jugeaient décadente.  

 Il faut dire aussi que le  contexte typiquement nord-américain d’une multitude d’églises protestantes, a favorisé l’émergence d’un nombre impressionnant de sectes, couvrant toutes les formes imaginables de cultes et de croyances.

 Et c’est en leur sein que sont apparus « Les Créationnistes ». Ceux-ci refusent tout modernisme et professent la Genèse comme la seule vérité sur la création du monde. Pour ces fondamentalistes protestants, la Terre à 6000 ans, comme il est écrit dans la bible, le déluge a bien eu lieu, Dieu a créé les espèces vivantes en six jours et dans leurs formes actuelles, et l’homme en couronnement de la nature.  

Suite à ce développement des thèses créationnistes, à partir de 1921, certains Etats américains ont été conduits à promouvoir des lois pour interdire l’enseignement de l’évolution, dans les écoles.  

Un célèbre procès a eu lieu   en 1925 à Dayton dans le Tennessee, que l’on a appelé le premier « procès du singe ».

Un jeune instituteur, John Scopes, est accusé d’avoir enseigné, en bravant la loi en vigueur, la théorie de l’évolution dans son école. Il est soutenu par les courants libéraux et en face c’est l’avocat William Bryan qui défend les valeurs traditionnelles. Voici un extrait de sa défense: «  Celui qui conçoit la thèse évolutionniste donne à l’étudiant une famille vieille de trois millions d’années et le laisse ensuite aller à la dérive, avec une capacité infinie à faire le bien et le mal sans aucune lumière pour le guider, sans compas pour lui indiquer la route, sans carte sur l’océan de la vie. »

 Finalement, Scopes perd son procès et est condamné à verser une amende de cent dollars. Mais l’affaire est médiatisée.  La campagne fondamentaliste porte malgré tout ses fruits : les éditeurs d’ouvrages     scolaires préfèrent éviter toute référence à Darwin pour pouvoir vendre leurs livres. 

Apres quelques années de calme, aux USA, les passions s’échauffent à nouveau après la seconde guerre mondiale. Le lancement du premier Spoutnik, fait réaliser aux américains, leur retard scientifique. Ils comprennent alors que le développement de la Biologie passe par un enseignement de la théorie de l’évolution.

Les lois antiévolutionnistes sont rapportées et finissent par être déclarées anticonstitutionnelles.

C’est dans ce contexte que Henry Morris (1918-2006) lance en 1963 le « créationnisme scientifique ». Ces nouveaux créationnistes s’emploient à démontrer que la théorie darwinienne n’a pas le statut de rigueur scientifique qu’elle prétend avoir.

Puis dans  les années 1970,  avec le contexte troublé de la guerre du Vietnam, on assiste à un retour du fondamentalisme. Plusieurs Présidents républicains militent en faveur d’un traitement équilibré entre la théorie de l’évolution et la doctrine de la création. Ronald Reagan, candidat à la maison blanche, déclare en 1981 : «  L’évolutionnisme est seulement une théorie scientifique, une théorie que la communauté scientifique ne croit plus aussi infaillible qu’on l’a cru autrefois. En tout cas, si l’on se décide à l’enseigner dans les écoles, je pense qu’on devrait aussi enseigner le récit biblique de la création. »

Suite à cette offensive,   une douzaine d’Etats américains   adoptent des lois,   prévoyant  un « traitement équilibré » des théories, concernant l’origine des êtres vivants.  

C’est alors qu’à lieu le deuxième « procès du singe », à Little Rock dans l’Arkansas, en 1981. Et l’on découvre, que loin d’avoir disparu, le créationnisme avait poursuivi son œuvre pendant plus d’un demi-siècle. Loin d’être resté confiné dans le sud agricole traditionnaliste, il avait conquis les Etats du nord les plus modernes.

 Ce procès, très médiatisé,  donna lieu à un grand débat public au cours duquel les grandes Eglises chrétiennes et le Congre juif se démarquèrent des options créationnistes.  

Comme en son temps Ronald Reagan, Georges W Bush, en 1999, propose,   s’il est élu, que l’on enseigne désormais le récit de la Genèse en même temps que la théorie de l’évolution. Ceci afin, disait-il, que l’éducation dans les écoles publiques ait un fondement moral.

Sous ses deux premières formes, le créationnisme est aujourd’hui en voie de régression. Mais une nouvelle théorie est apparue, plus subtile, sans référence explicitement religieuse : « l’Intelligent Design » que l’on peut traduire par « Dessein Intelligent ». Ses principaux auteurs en sont le juriste Phillip Johnson (né en 1941), le biologiste Michael Behe (né en 1952) et le mathématicien William Dembski (né en 1960).

La thèse centrale de ce mouvement est que la succession des évènements qui débouchent sur la vie et sur l’émergence de l’intelligence, ne peut être attribué au hasard. Les simples lois naturelles n’ont pas pu produire « l’information complexe   » qui caractérise les formes vivantes. L’explication par des processus physico-chimiques ne suffit pas non plus. Il faut un autre ordre  d’interprétation. «  Pour expliquer la vie, il est nécessaire de supposer l’action d’une intelligence qui n’a pas évoluée ».

L’un des arguments centraux de cette théorie, est la complexité « irréductible ». Par exemple, l’œil est un système trop subtil pour résulter des seules forces de la nature et ne peut  être le fruit du hasard.

A première vue, cette théorie peut paraitre séduisante. Mais il faut raison garder.  Que la biologie n’explique pas tout dans l’état actuel des connaissances est une évidence. Mais qu’elle ne puisse jamais expliquer la constitution évolutive de l’œil est un pari qu’aucun biologiste ne voudrait prendre. Nombre de phénomènes inexpliqués à une époque ont trouvé ultérieurement un éclaircissement. Les arguments du « dessein intelligent » ne sont pas sans rappeler la démarche créationniste. On retrouve en effet la même crainte que l’univers soit une grande machine sans but, sans finalité.

En France, les courants créationnistes ont toujours été extrêmement marginaux. Mais subrepticement le monde musulman   vient de s’inviter. 

  Bon nombre de professeurs signale la difficulté qu’ils ont depuis quelques années, à enseigner la théorie de l’évolution  aux jeunes musulmans. En janvier 2007, un ouvrage de 800 pages intitulé « l’Atlas de la Création » richement illustré et réfutant les thèses de Darwin au nom de l’islam, est distribué gratuitement, par milliers, dans nos écoles et nos institutions. L’auteur démontre que l’évolution est un mythe. La démonstration se base sur une masse de photographies de  « fossiles », censées montrer qu’il n’y a aucune évolution des espèces. En conclusion, il accuse le darwinisme de tous les maux de nos sociétés occidentales : racisme, fascisme, communisme, athéisme,  jusqu’aux attentats du 11 septembre !

Le  mystérieux expéditeur est un certain Harum Yahya. Derrière ce pseudonyme, se cache en fait le prédicateur turc Adnan Oktar, fondateur de la « Fondation pour la Recherche et la Science ». Cette fondation travaille activement à la suppression de toute idée d’évolution dans l’enseignement turc. Il faut aussi savoir, que ce mouvement antiévolutionniste, le plus virulent du monde musulman, est très actif sur internet et les réseaux sociaux.

A l’opposé de la sphère religieuse,   le Darwinisme a séduit tous ceux qui ont compris que l’on pouvait appliquer le modèle,  aussi bien aux systèmes physiques qu’aux systèmes sociaux. En effet la théorie de la sélection naturelle permet aussi d’expliquer de nombreux aspects du développement culturel et intellectuel de l’humanité.

Curieuse coïncidence, l’année de parution de « l’Origine des espèces »  (1859), Karl Marx publie « Contribution à la critique de l’économie politique », une première étude qui annonce son œuvre principale « le Capital ».

C’est Engels qui perçut le premier dans « l’Origine des espèces » la démonstration « qu’il y a bien un développement historique dans la nature ». Il signala l’ouvrage à Marx. Au terme d’une première lecture Marx et Engels s’enthousiasmèrent de ce que Darwin, avec sa théorie de l’évolution,   justifie scientifiquement leur opposition à la religion. Darwin est sensationnel parce qu’il  « démoli » la théologie, parce qu’il lui porte un « coup mortel ».

  La réfutation darwinienne du religieux enchanta si bien Marx et Engels que l’on peut relever, selon Régis Ladous, entre la fin 1859 et le début 1861, l’esquisse de ce qui aurait pu être un Darwino-marxisme, une sorte de matérialisme dialectique sociobiologique.

En décembre 1860, Marx écrit à Engels qu’il croit reconnaitre dans « l’origine des espèces » : «  le fondement historico-naturel de notre position ». Et il persiste un mois plus tard en écrivant « le livre de Darwin est très important et me convient comme base de la lutte historique des classes ». Mais dans le tome premier du capital en 1867, il n’y a plus aucune trace d’un quelconque rapprochement entre la lutte des classes et la lutte pour la vie, le mouvement dialectique et l’évolution selon Darwin.

  En 1873 Marx envoie à Darwin un exemplaire du « Capital ». Dans une lettre     datée du premier octobre de la même année, Darwin remercie Marx pour son intention. Il y affirme aussi «  ne guère comprendre l’économie politique et constate que ses études ont été «différentes ».   Il termine sa lettre par  une profession de foi scientiste : « je crois, écrit Darwin, que nous désirons tous les deux sérieusement l’extension de la connaissance, et que cela, à la longue, ajoutera surement au bonheur de l’humanité ». La dessus Darwin coupa 105 des 822 pages du Capital et rangea définitivement l’ouvrage dans sa bibliothèque.  

Il refusa à Marx,  le 13 octobre 1880,   la dédicace d’un ouvrage à paraitre.

Décidemment, le rendez-vous de Marx avec Darwin fut, comme le dit Patrick Tort,  « un rendez-vous manqué ».      

En France, des marxistes comme Paul Lafargue et Jules Guesde défendront la théorie darwinienne pour les mêmes raisons idéologiques que Marx, c'est-à-dire en tant qu’elle s’oppose à la religion. Pour eux, Darwin et Marx ont une même conception matérialiste de l’évolution. 

Dans l’URSS des  années 1930 - 1950,  sur fond de marxisme stalinien,  un  certain Lyssenko, a  recours lui aussi au Darwinisme, pour assoir  sa doctrine   pseudo-scientifique, doctrine qui  remettait en cause, excusez du peu, la théorie de l’hérédité.

 Il faut savoir, que  depuis la disparition de Darwin en 1882, la biologie avait fait un bon considérable. Le moine autrichien Mendel  avec ses travaux sur les hybrides ( je précise au passage que Mendel était le contemporain de Darwin , mais que ses recherches sont passées totalement inaperçues à cette époque et qu’elles ont été redécouvertes en fait trente ans plus tard), le moine Mendel donc,  l’allemand Weismann avec sa démonstration de la non transmission héréditaire  des caractères acquis, et l’américain Morgan avec ses expériences sur les mutations de la mouche drosophile, avaient contribué à l’avènement d’une nouvelle discipline en biologie : la génétique.

 Mais dans l’URSS de Staline, les généticiens « bourgeois » sont présentés comme des « saboteurs, des incapables ou des ennemis du prolétariat… ».

 C’est alors,   qu’intervient un chercheur en biologie- agronomie de l’académie Lénine des Sciences, le fameux Lyssenko. Celui-ci se réclame des bases matérialistes du darwinisme pour mieux rejeter la nouvelle théorie de l’hérédité. Pour preuve il met en avant l’ignorance avouée de Darwin dans ce domaine, en citant un de ses écrits : « Nous ne pouvons  prétendre expliquer ni les causes, ni la nature de la variabilité chez les êtres organiques ». Et pour cause, Darwin est mort avant l’avènement de la génétique.

 La mauvaise foi est évidente. Mais elle permet à Lyssenko de réfuter les travaux de Weismann, et d’affirmer la transmissibilité des caractères acquis. De même, Lyssenko rejette la génétique mendélienne et  prétend  à l’existence possible, en lieu et place des chromosomes, d’un « organe de l’hérédité » !

  En fait, encouragé et soutenu   par Staline, le lyssenkisme est à  but essentiellement, sinon uniquement, idéologique. Il est  présenté par ses partisans comme l’exemple réalisé d’une « science prolétarienne » en opposition avec la « science bourgeoise ». Le Lyssenkisme est en cohérence avec l’idéologie communiste  qui a une vision manichéenne du monde.  

En France, en 1948, le poète stalinien Louis  Aragon, s’improvise biologiste, en consacrant un numéro de sa revue « Europe » à la promotion des thèses lyssenkistes. Le titre de son article est éloquent : « Un grand évènement scientifique : l’hérédité n’est pas commandée par de mystérieux facteurs … ». Il faudra attendre  1958 pour que Jean Rostand, compagnon de route du PCF, commence à faire part de ses doutes.

 En URSS c’est seulement en 1965, avec la chute de Khrouchtchev,  que la génétique réintègre la recherche scientifique.

Pauvre Darwin. Il s’est trouvé mêlé bien malgré lui, à une scandaleuse affaire, dont le but évident, était de promouvoir une science pour ses vertus politiques et non pour sa véracité scientifique. En cela, le « lyssenkisme » peut être rapproché du « créationnisme » et faire figure de pendant politico- marxiste à la réaction religieuse fondamentaliste.

Vous l’avez compris Mesdames et Messieurs, l’attrait des politiques pour la théorie de Darwin provient essentiellement de son extension possible aux systèmes sociaux. Il est d’ailleurs fascinant de voir comme on peut être darwinien de droite comme de gauche. Ainsi à l’opposé du marxisme, Darwin a aussi fortement inspiré le Libéralisme de son époque. 

Une illustration en est  le «  Darwinisme social » de Herbert Spencer (1820-1903)  dont le développement rapide, a  du même coup,  fortement contaminé l’interprétation du darwinisme. 

  Penseur indépendant, Spencer, exerce différents métiers. Il travaille quelques temps pour la revue « The Economist », avant d’obtenir suffisamment de revenus pour ne plus dépendre d’un employeur.

 A ses yeux, l’idée d’évolution est une idée globale, qui s’applique aussi bien aux espèces animales qu’aux sociétés. La lecture de l’ouvrage de Darwin fait découvrir à Spencer, la sélection naturelle. Dans son livre « Principes de biologie » (1864), il forge l’expression « survie du plus apte  », reprise ultérieurement par Darwin. Son originalité est d’appliquer la sélection naturelle aux sociétés humaines, ce que Darwin s’était bien gardé  de faire.

Spencer en tire un principe « libéral » de prééminence de l’individu, véritable entité sociale. L’individu prime sur le collectif. Dans la société, il ne peut s’accomplir que par lui-même, en restreignant au maximum toute influence   de l’Etat. Le rôle de l’Etat doit se borner à protéger l’individu des agressions extérieures.   Il faut donc donner toutes leurs chances « aux plus aptes » ou « aux plus adaptés ».

Mais que faire des « inadaptés » ? La réponse de Spencer est claire et cinglante : « Tout l’effort de la nature est de s’en débarrasser, d’en dégager le monde et de faire place aux meilleurs ». Les lois sociales qui protègent les « inaptes » sont donc nuisibles au progrès social. « L’idée d’agir pour éviter les souffrances humaines va contre les lois de la nature : la misère actuelle des pauvres est le résultat actuel de leur mauvaise conduite ». No comment.

Malgré tout, les idées de Spencer sont globalement bien accueillies par une opinion anglaise qui aspire à sortir de l’ordre ancien, dominé par les traditions aristocratiques et religieuses. Quant à  Darwin il n’épouse pas pour autant toutes les idées de Spencer. Son ami, Thomas Huxley, surnommé le « bouledogue de Darwin », vient à son secours et  critique vigoureusement la philosophie de Spencer.

Pour lui les règles de la nature ne peuvent pas être transposées aux sociétés humaines. Les normes éthiques ne doivent pas  dériver de l’évolution.

Une autre figure célèbre peut être mise en parallèle avec Spencer. Celle de Francis Galton (1822-1911). Cousin de Darwin, explorateur, météorologue il devient criminologue (c’est lui qui introduit les empreintes digitales comme reconnaissance des individus).

Ayant découvert l’œuvre de Spencer, il cherche à l’exploiter concrètement et devient l’inventeur de l’eugénisme. Il s’agit de favoriser les plus aptes, ceux qui sont « bien nés » (eugenês, en grec, d’où l’invention du mot eugenic). Ceux qui ont les meilleurs caractéristiques, santé, intelligence, capacité de travail, doivent être encouragés à faire davantage d’enfants. C’est ce que l’on appelle « l’eugénisme positif ».

Galton se réfère explicitement au travail des éleveurs. Ceux-ci cherchent en effet, à améliorer les races animales, à partir de critères qu’ils ont fixés eux-mêmes   (rendement en lait ou en viande par exemple). La même technique peut et même doit  être transposée dans les sociétés humaines.

La morale judéo-chrétienne ayant une fâcheuse tendance à protéger les faibles, il y a un risque grandissant à voir apparaitre une dégénérescence de la race.

 Pour Galton, les critères de sélection sont ceux du milieu. La référence est l’homme occidental (en particulier britannique, of course) en tant qu’il est actif et entreprenant. A cela s’opposent des formes de décadence interne (alcoolisme, tares physiques ou mentales) ou externe (les races « inférieures ») qu’il faut combattre. L’eugénisme positif glisse insensiblement vers un eugénisme négatif : éliminer les plus faibles ou ceux qui sont différends.

Galton, comme beaucoup de ses contemporains, craint surtout que l’espèce humaine dégénère du fait des progrès de l’hygiène et de la médecine. La sélection naturelle ne pourra plus jouer son rôle. Les organismes faibles auront plus de chance de survivre et transmettront ainsi leurs gènes défectueux à leurs descendants.

 Galton exercera une forte influence sur une partie de la société américaine du XXe siècle. De plus ses idées se trouveront fortement renforcées par l’apparition de cette science nouvelle : la génétique. C’est ainsi qu’aux Etats Unis,  le « Cold Spring Harbor Laboratory » de Long Island propose de 1910 à 1940 un programme de stérilisation des inaptes, essentiellement mentaux. Divers Etats adoptent des lois dans ce sens. Ces considérations génétiques justifient aussi l’interdit qui frappe les mariages interraciaux.

 Bien entendu, Mesdames et Messieurs, notre propos sur l’eugénisme, ne peut nous éviter de rappeler l’usage qui en a été fait  dans l’Allemagne nazie. Hitler était un lecteur assidu de Spencer. Les conséquences sont malheureusement trop connues pour qu’il soit nécessaire d’en reparler, ici.

Toutefois, si l’on en croit Patrick Tort, il n’est pas question de mettre toutes ces pratiques   sur le compte d’une quelconque « ambiguïté » du darwinisme. Pour le Président de l’Institut Charles  Darwin International, « la sélection naturelle sélectionne la civilisation qui s’oppose à la sélection naturelle. ».

Pour expliquer cette affirmation, pour le moins paradoxale,  Patrick Tord avance, qu’il faut   toujours avoir présent à l’esprit que, pour Darwin,  la sélection naturelle sélectionne non seulement des variations organiques, présentant un avantage adaptatif, mais aussi des instincts.

 Parmi ces instincts avantageux, « les instincts sociaux » ont été tout particulièrement retenus et développés, comme le prouve le triomphe universel des peuples dits « civilisés ».  Pour preuve, Patrick Tord avance que, dans son livre « la Filiation de l’Homme » Darwin, affirme clairement que grâce à la civilisation, l’élimination des moins aptes a été remplacée par le devoir d’assistance ;  l’extinction naturelles des malades et des infirmes a été stoppée par l’apparition des technologies et des savoirs (hygiène, médecine, etc…). 

Ainsi par le biais des instincts sociaux, la sélection naturelle, sans saut ni rupture, a sélectionné une éthique de la protection des faibles, traduite en une règle de conduite que l’on appelle tout simplement : la morale.

Pour expliquer le développement de cette éthique évolutionniste, d’aucun pourront  y voir l’influence positive de la morale religieuse. A l’inverse,  Patrick  Tort,  lui, y voit la base d’une « théorie matérialiste de la morale », permettant   de soustraire l’éthique, à l’emprise dogmatique des morales religieuses.

 Des contemporains de Darwin aux plus actuels de nos sociobiologistes   , la liste est longue, de ceux qui se sont enferrés, en général avec de très bonnes intentions envers le genre humain, dans la logique de l’amélioration de l’espèce humaine, sur les fondements de la logique biologique.

  Citons pêle mêle, l’anthropologue français Georges Vacher de Lapouge (1854-1936) militant socialiste , membre  de la SFIO, Alexis Carrel (chirurgien français, Prix Nobel de médecine en 1912) auteur du célèbre ouvrage « l’homme cet inconnu » (1935), Charles Richet (Physiologiste marxiste britannique), Julian Huxley (biologiste britannique, membre fondateur de L’UNESCO et du WWF), et les découvreurs de la structure de l’ADN, Watson et Crick, tous penseurs se réclamant de l’évolutionnisme et dont les œuvres ont eu un immense succès, malgré des projets politiques eugénistes affichés.

Aujourd’hui gardiens du patrimoine génétique, les évolutionnistes ont trouvé, dans le développement des biotechnologies,   une nouvelle voie : celle de modifier directement la nature humaine. Insidieusement l’eugénisme est de retour.

 En France, aujourd’hui, seules certaines maladies particulièrement graves et mettant le diagnostic vital en jeu, peuvent justifier d’un diagnostic préimplantatoire (DPI). C’est le cas des trisomies 21 et 18 dont le dépistage gratuit concerne désormais la quasi-totalité des grossesses.

 Mais demain, il n’est pas exclu que   la présence d’un gène que l’on aura découvert, prédisposant par exemple à l’homosexualité ou à l’obésité,   ne soit pas considéré comme rédhibitoire pour l’enfant à venir, dans une société où les  parents souhaitent de plus en plus « choisir » leur   enfant. On en arrive à un « eugénisme de précaution » qui, en France, pourrait être insidieusement favorisé par le   « Principe de précaution »,  désormais inscrit dans la Constitution.

Mesdames, Messieurs, nous voici arrivés  à la dernière partie de notre exposé, celle où nous allons essayer de répondre à cette question :

 Comment des hommes, s’inspirant de la raison et du progrès, ont-ils pu, à partir de la même thèse darwinienne, élaborer des théories  aussi radicalement différentes ?   

Comment des hommes aux idées aussi opposés, que Marx et Spencer, Engels et Galton ont-ils  pu, les uns et les autres,  trouver  leur caution scientifique chez Darwin ?

En premier lieu, et c’est une évidence, la théorie de l’évolution de Darwin a un caractère d’universalité. Elle peut en effet   s’appliquer aussi bien à la Nature   qu’au développement social de l’Humanité.

 Ensuite, même si c’est une science extrêmement technique, la Biologie pose des questions centrales pour la vie humaine : qu’est-ce que la vie ? Qu’est-ce que l’humain, si ce n’est pas simplement de « l’animal » ? Le processus de la vie a-t-il un sens ou doit-il tout au hasard ? Ces questions philosophiques, débordent largement la compétence du biologiste, mais il ne peut les ignorer. Et le philosophe ne peut ignorer les travaux du biologiste.  

Jusqu'à Darwin, l’homme pouvait dormir tranquille. L’organisation de la nature était inscrite dans un  finalisme ayant pour origine Dieu ou un Grand Horloger.

Jusqu’à Darwin, les découvertes scientifiques  les plus révolutionnaires, étaient rassurantes, même si elles dérangeaient l’ordre établi par l’Eglise.

 Les mouvements célestes avec Galilée, les systèmes mécaniques avec Newton, répondaient à des lois. La science permettait de rassurer la raison humaine    en rapportant les « changements » à  des lois stables. Mais avec Darwin le changement n’est plus un épiphénomène, le changement c’est la loi de la vie, soumise au hasard.  

L’ordre du monde en était bouleversé et la perspective du hasard ne pouvait qu’ouvrir la porte, à tous les bouleversements, à tous les extrêmes.

Mais, si l’on peut comprendre la réaction d’un monde religieux,   agressé dans ses convictions conservatrices, il est   plus difficile de comprendre les dérives d’hommes se réclamant de la raison et  du progrès. 

L’’explication, il faut la rechercher dans le contexte historique. Celui-ci, en effet, est éminemment favorable.  La réception de l’œuvre darwinienne se fait   dans un environnement, le XIXe siècle, marqué en Angleterre, par une énorme  « aspiration vers le progrès ».

C’est  l’époque qui voit le développement, de l’industrialisation, du capitalisme et l’émergence d’une classe bourgeoise, qui aspire à sortir de l’ordre ancien, dominé par les traditions aristocratiques et religieuses.

 

 A cela s’ajoute la crainte de la prolifération d’une classe de population, le prolétariat, jugée incapable de contribuer au progrès social, c'est-à-dire a la croissance des ressources. Crainte amplifiée par la thèse de Thomas Malthus (1766-1834),   au début du XIXe siècle. En effet, pour ce pasteur et économiste, l’augmentation d’une population sur un territoire donné est plus rapide que l’augmentation des ressources que peut fournir ce même territoire.  

De plus, l’accumulation de nouvelles connaissances   donne l’impression de pouvoir   tout repenser en termes scientifiques et   remettre en cause les anciens dogmes immuables.

 On attend de la science une vision systématique du monde et de la société. Dans ce siècle de révolution politique, économique, sociale, pas plus le monde que les sociétés humaines, ne sont considérées comme des choses stables et immuables. Les mots évolution et progrès sont  devenus des synonymes.   

Même Dieu n’est plus gênant, puisque Darwin l’a tué ! Individualisme,  eugénisme, rationalisme, fascisme,  marxisme   peuvent   faire bouillonner leurs idées dans un même chaudron, le Darwinisme !     Bernard Shaw  lui-même, disait :   « Darwin eut la chance de plaire à quiconque avait une hache à affuter »  

C’est ainsi, que  prenant pour postulat le statut animal de l’homme,   certains  évolutionnistes  vont, sous couvert de rationalisme, jusqu’à remplacer  les concepts d’éducation et de liberté,   par des notions de dressage et de domestication.  Poussant le raisonnement à l’extrême, ils déclarent, que comme en élevage, il faut contrôler la reproduction de l’homme. Sa domestication implique sa soumission aux impératifs sociaux et communautaires. De tels dévoiements du darwinisme donneront naissance à des théories favorables à l’eugénisme ou au racisme.

D’autres, considérant  la théorie de Darwin comme un fondement scientifique de l’évolution  des sociétés humaines,   vont  alors proposer aux peuples la seule alternative politique  qu’ils jugent souhaitable: une oligarchie, réunissant  on s’en doute,  des experts agissant au nom du bien de l’humanité toute entière. Le Totalitarisme,   puisqu’ il faut bien l’appeler par son nom, apparait alors, comme une forme particulièrement adaptée à ces projets grandioses, qu’ils soient  de droite ou de gauche, fasciste ou marxiste.

Mesdames et Messieurs, aucun excès ne justifie son contraire.  Exact pendant des excès de spiritualisme,  les excès de rationalisme et de matérialisme,  se révèlent  tout aussi dangereux,   lorsque  science et philosophie, science et politique s’instrumentalisent mutuellement. Ce danger n’est pas seulement un souvenir du passé, c’est malheureusement aussi une vision de l’avenir très inquiétante.   

Aujourd’hui en France, Science   et  Politique, ont des relations dangereuses car elles ont besoin l’une de l’autre. La recherche parce qu’elle est financée en grande partie par la politique (CNRS par ex). La politique parce qu’elle est sous l’influence du discours scientifique qui lui offre une sorte de caution, une raison d’agir. Comme le dit Didier Sicard, Président du Comité Consultatif National d’Ethique : « Il y a toujours un moment ou la politique prend la science au mot pour transformer la société, au motif que la « science dit vrai ». De toute évidence le Darwinisme   a été, l’une des premières théories scientifiques  à en faire les frais.

 

Mesdames et messieurs, nous voici arrivés au terme de cette histoire passionnelle de plus de 150 ans. Je vous livre maintenant  ma conclusion  .

Tout d’abord, il faut surtout se garder de   penser qu’il n’existe   que deux choix possibles : d’un côté une science radicalisée par la philosophie et la politique   , et de l’autre, une religion fondamentaliste. On l’a vu, ces positions extrêmes nous  mènent systématiquement dans une impasse. Elles  conduisent toutes au dogmatisme ou au sectarisme.

 

Comme toujours les réflexions les plus fécondes sont  dans l’entre deux, là ou un véritable échange se produit, loin des idéologies qui veulent tout englober.

 

En fait, Sciences et religion, matérialisme et spiritualisme au lieu de s’opposer doivent se compléter.

Chacun d’entre nous garde en mémoire le jugement et l’abjuration forcée de Galilée, en 1633. Ces faits dans notre paysage culturel résonnent comme le symbole des affrontements entre science et religion.

 Pourtant, Galilée  a sans doute été le premier à mettre en avant, la complémentarité de la science et de la religion en affirmant lors de son procès : « la science nous dévoile comment est le ciel, la religion nous enseigne  comment y aller ! ». Une sorte de laïcité où chacun intervient dans son domaine tout en respectant celui de l’autre.

 

Parce qu’il est le seul animal à savoir qu’il va mourir, l’homme a besoin de donner un sens à sa vie. La science par son coté rationnel et rassurant  peut  apporter une réponse à cette quête. Mais la réponse est forcément incomplète. La science ne peut pas   expliquer  le « pourquoi   suprême », ni la valeur éternelle de l’amour.  La spiritualité   apporte à l’homme, qui veut bien le recevoir, le complément de réponse que la science   lui refuse.  

   

  Comme le dit le biologiste américain Stephen Jay Gould,  «  de même que l’organisme a besoin pour subsister, à la fois de nourriture et de sommeil, aucune Totalité ne peut se dispenser des apports variés de parties indépendantes ».    Gould, auteur de la théorie évolutionniste de « l’équilibre ponctué », agnostique et pourfendeur du   « créationnisme »,    défend un principe qu’il appelle le NOMA : c'est-à-dire le principe de NOn-empietement des MAgisteres.

 

Voici comment il le définit :  « Premièrement, ces deux domaines ( la science et la religion) sont d’égale valeur et aussi nécessaire l’un que l’autre à toute existence humaine accomplie ; deuxièmement , ils restent distincts quant à leur logique et entièrement séparés quant à leur styles de recherche, même si nous devons étroitement intégrer les perspectives des deux magistères  pour élaborer la riche et pleine conception de l’existence que l’on désigne traditionnellement comme « sagesse ».

 

 Un passage de la Bible, illustre parfaitement cette définition.   Il s’agit du chapitre 20 de l’Evangile de Jean qui parle du sujet,  certainement le plus difficile à appréhender par un scientifique : la résurrection.  Jésus ressuscité apparait d’abord à Marie Madeleine, puis à tous les disciples sauf Thomas, alors absent. S’ensuit le récit suivant :

 

« Thomas appelé Didyme, l’un des douze, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint.

Les autres disciples lui dire donc : nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son coté, je ne croirai point. »

Thomas se comporte la, en   vrai scientifique. Il lui faut des preuves. Pas seulement une, mais trois preuves. C’est ce que l’on peut appeler, de la rigueur scientifique.

L’histoire continue. Jésus revient une semaine plus tard. Thomas est présent.

« Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d’eux et dit : la paix soit avec vous !

Puis il dit à Thomas : avance ici ton doigt, et regarde mes mains, avance aussi ta main et mets la dans mon côté, et ne sois pas crédule, m

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12 février 2015 4 12 /02 /février /2015 19:58

De la place des robots dans un avenir proche

Le 1er mai 2014 paraissait dans “The Independent” une tribune suscitée par la sortie de “Transcendence”, un film avec Johnny Depp et Morgan Freeman, qui raconte l’ascension d’un ordinateur doté d’une conscience et capable de réfléchir de manière autonome, devenant omnipotent et incontrôlable.
Ce film n’est certes pas le premier du genre à mettre en scène une intelligence artificielle menaçante, ou à tout le moins inquiétante : “Metropolis” (1927), “2001 : l’Odyssée de l’Espace” (1968), “Blade Runner” (1982), “I, Robot” (2004)… Le grand écran regorge d’exemples, et le petit n’est pas en reste : la série suédoise “Real Humans” a fait un carton, notamment en France où la saison 2 a été diffusée sur Arte.
Mais, nous alertent les auteurs de la tribune, “il est temps d’arrêter de réduire l’intelligence artificielle à la simple science-fiction”, expliquant ensuite que cette forme d’intelligence pourrait constituer un danger notable pour l’humanité. Les signataires ne sont pas d’aimables illuminés mais des scientifiques de haut vol : Stephen Hawking, physicien titulaire de la médaille Albert Einstein ; Frank Wilczek, Prix Nobel de Physique ; Stuart Russell, informaticien ; et Max Tegmark, physicien.

Une enquête conduite début mai 2014 par l’institut de sondage One Poll auprès de 2 000 Britanniques montre que près du tiers d’entre eux partage cette inquiétude de voir la race humaine menacée par les machines. Presque autant de répondants craignent d’être remplacés par des robots dans leur travail. De fait, il existe déjà des robots capables de concurrencer l’homme dans certaines professions ou activités : des drones livreurs d’Amazon au barman domestique Monsieur, capable d’apprendre vos cocktails favoris et à quelle dose vous les aimez, et même d’anticiper un double shot d’alcool si vous avez eu une journée particulièrement difficile, en passant par Wall-Ye, un robot vendangeur actuellement à l’essai en France qui risque fort de révolutionner l’industrie du vin, les exemples sont légion.

Dans leur tribune, Stephen Hawking et ses cosignataires évoquent également les voitures électriques sans conducteurs, l’ordinateur IBM qui a gagné l’émission Jeopardy, les assistants numériques personnels comme Siri, Google Now ou Cortana. Ils soulignent les investissements massifs réalisés par des entreprises telles que Google, qui a racheté cette dernière année plusieurs entreprises spécialisées en robotique, systèmes automatiques, intelligence artificielle, dont Boston Dynamics en 2013 et DeepMind début 2014. A noter que Google a créé une voiture entièrement automatique capable de vous conduire d'un point A à un ponit B une fois rentrée l'adresses dans un gps.

L’étude One Poll révèle aussi que près de la moitié des Britanniques ne voient pas d’inconvénient à faire l’amour avec un androïde, et 17% d’entre eux sont même désireux de tenter l’expérience. Par ailleurs, 11% déclarent qu’ils aimeraient avoir un enfant robot comme l’adorable David dans “A.I” de Steven Spielberg, et un cinquième des propriétaires d’animaux domestiques sont séduits par l’idée de remplacer leur bestiole favorite par un robot. Plus d’un quart des répondants pensent que les robots seront capables de ressentir des émotions humaines dans le futur. Là encore, le cinéma s’empare de ces projections : “Her” de Spike Jonze, sorti en 2013, relate ainsi la relation amoureuse qui se noue entre un jeune divorcé dépressif et son système d’exploitation informatique, Samantha, qui prend la voix délicieusement rauque et sexy de Scarlett Johansson. A noter que ce film semble répondre à l’injonction de Hawking de ne plus reléguer l’intelligence artificielle dans le domaine de la science-fiction, puisqu’il se situe dans un futur très proche, en 2025 seulement.

Entre peur et attraction, l’intelligence artificielle, surtout quand elle prend l’apparence la plus proche de nous tels les “Hubots” de “Real Humans”, (la série sur Arte) ne cesse de nous fasciner.
Martin Smith, professeur de robotique à l’université du Middlesex qui a supervisé l’enquête One Poll se veut rassurant : “Alors que beaucoup d’entre nous s’inquiètent du rôle de la technologie et des machines dans la société moderne, les robots sont développés pour nous aider à protéger et améliorer nos vies.” Il fait pencher résolument la balance du côté des bénéfices, insistant sur le fait que l’utilisation des robots ne va pas susciter de licenciements massifs, mais plutôt permettre de nous éviter les tâches des“3D” : “dirty, dangerous or dull” (sales, dangereuses ou ennuyeuses). Pour lui, les risques liés à l’intelligence artificielle sont les mêmes que pour toute innovation technologique : “Tout ce qui est utile contient en lui-même la possibilité d’être mal employé. Donc il y a des dangers inhérents à l’utilisation des robots, tout comme pour les voitures, les trains et les bateaux.” Reste que des robots sont déjà utilisés dans l'inspection des centrales nucléaires.

Mais c’est justement l’absence de réflexion approfondie sur ces dangers et comment les éviter qui a poussé Stephen Hawking à prendre la plume en compagnie de trois autres scientifiques.
Martin Smith lui-même évoque de futurs robots capables d’une “intelligence émotionnelle supérieure à ceux de nombreux humains, y compris : la réflexion, le jugement, la résolution de problèmes, l’ouverture, le self-control, l’auto analyse, la capacité à porter attention et à identifier les sentiments et émotions des gens par exemple.”
Est-il complètement absurde d’envisager que de tels robots puissent ne pas se contenter de nous soulager de tâches que nous ne voulons plus effectuer ? Selon Stephen Hawking et ses cosignataires, “Réussir à créer une intelligence artificielle serait le plus grand événement dans l’histoire de l’homme. Mais ce pourrait aussi être le dernier”, préviennent-ils. “L’impact à court terme de l’intelligence artificielle dépend de qui la contrôle. Et, à long terme, de savoir si elle peut être tout simplement contrôlée.” “On peut imaginer que telle technologie déjoue les marchés financiers, dépasse les chercheurs, manipule nos dirigeants et développe des armes dont on ne pourra pas comprendre le fonctionnement.”
Comme en réponse à ces préoccupations, et grâce à l’impulsion des fondateurs de DeepMind au moment de leur rachat, Google vient de créer un comité d’éthique consacré à l’intelligence artificielle. Il devra réfléchir à des interrogations qui concernent l’humanité tout entière : faut-il mettre des limites à l’intelligence artificielle ? Comment la maîtriser ? Doit-on l’interfacer à nos cerveaux biologiques ?

L’étude One Poll supervisée par le professeur Martin Smith avait avant tout pour vocation d’accompagner le lancement en Grande-Bretagne de “Almost Human”. Cette série qui montre un inspecteur de police en 2048 contraint de faire équipe avec un androïde dépourvu d’affect. Mais ce dernier est un ancien modèle, en proie à des “défaillances émotionnelles”… Si la série n’a pas survécu à la première saison, nul doute qu’intelligence artificielle et robots continueront d’alimenter nos fantasmes et notre univers culturel, mais aussi, il faut l’espérer, à nous faire réfléchir sur notre condition d’humains. Qu'en pensez-vous ?

Jean-Philippe Gibout

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12 février 2015 4 12 /02 /février /2015 19:49

Politique et cas extrêmes

Dans l'Express n° 3215 de février 2013, Philippe Manière publie une chronique intitulée : « La politique de l'hystérique ».

L'exposé qui suit s'inspire très largement de cet article.

Chacun s'accorde à dire que la politique la plus rentable et la plus efficace consiste à traiter en priorité les problèmes les plus importants. Encore faut-il s'entendre sur ce qui est le plus important. On a souvent l'impression – mais ce n'est pas qu'une impression – que les élus ont tendance à considérer comme important ce qui, en réalité, relève du spectaculaire. Les discours et les actions politiques se focalisent le plus souvent sur des éléments fondamentalement secondaires mais dont l'importance réelle est amplifiée par les médias jusqu'à paraître capitale.

Ainsi, les licenciements collectifs, conséquences de plans sociaux, qui représentent moins de 4% des inscriptions à Pôle Emploi, reçoivent un traitement politique surdimensionné par rapport à leur importance réelle. Rappelons-nous la fermeture de Florange et l'énergie et le temps et l'argent dépensés par les hommes politiques au pouvoir à l'époque, Sarkozy puis Hollande, pour finalement aboutir à une fermeture pure et simple d'Arcelor-Mittal.

Les 96% « restant » d'inscrits à Pôle Emploi sont essentiellement constitués de simples non-reconductions de CDD. Et pourtant, c'est presque exclusivement aux fermetures d'usines que va l'attention des politiques, de droite comme de gauche, à tel point que la question du chômage de masse se résume dans leur esprit à ce phénomène. « Luttons contre les fermetures d'usines et nous réduirons le chômage de masse » semble être le mot d'ordre du monde politique.

Autre phénomène amplifié par les médias et débattu au Parlement et au Gouvernement : la rémunération « stratosphérique » des dirigeants d'entreprises. Il faut savoir que plus de 1,3 millions de chefs d'entreprises encaissent en moyenne 4500 euros par mois ; moins de 300 gagnent 1 million par an. Ils ne sont qu'une poignée, ceux du CAC 40, qui se partagent la coquette somme de 90 millions d'euros. Et encore, ce chiffre ne reflète-t-il pas l'ensemble des émoluments. Si on y intègre la part actionnariale de la rémunération (stock-options, actions gratuites, …) le salaire moyen des dirigeants du CAC 40 est de 3,968 millions d'euros en moyenne (chiffres de 2012 publiés par Les Echos et Challenges). Arrondissons à 4 millions, on n'est plus à quelques euros près. Cela représente environs 230 salariés payés au SMIC.

De même encore, la répression des crimes de sang mobilisent continuellement le législateur et les gouvernants, alors que ces faits ne représentent – et c'est tant mieux - qu'un millième des actes de délinquance dont l'essentiel est constitué des menus délits qui empoisonnent la vie des citoyens (vols à la tire, car-jackings, cambriolages et autres incivilités).

Peut-être que le bon peuple souhaiterait que l'on traite en priorité les problèmes plus représentatifs du vécu des français. Mais les élites médiatiques, politiques, juridiques, policières, … semblent magnétisées par les phénomènes que l'on retrouvent aux extrémités de la courbe de Gausse (courbe en forme de cloche) utilisée dans les distributions statistiques classiques.

Pourquoi cette fascination de l'exceptionnel, ce que Philippe Manière nomme « les phénomènes hystériques » ? On comprend que pour les crimes de sang qui génèrent tant de douleurs chez les victimes ou les familles touchées par la mort violente d'un proche, l'action publique leur accorde une attention particulière.

Mais pourquoi ce décalage de la part des élus entre l'important et l'exceptionnel ?

Le plus souvent pour de mauvaises raisons.

Dans un des numéros de Marianne de novembre 2014, un important dossier était consacré aux élites déconnectées de la réalité. Et c'est bien de cela qu'il s'agit ici.

Première raison : le manque d'information. Par manque de culture et de connaissances économiques, une grande majorité des politiques pense – peut-être de bonne foi – que le chômage c'est d'abord les fermetures d'usines, les délocalisations, les plans sociaux, etc... et estime qu'on peut les éviter, alors que tout, historiquement, prouve le contraire.

Deuxième raison : le personnel politique, sans réflexion, sans critique aucune, endosse la hiérarchie des sujets établie par les médias, alors que chacun sait que la course à l'audience incite journaux, radios, magazines et chaînes de télévision a privilégier le spectaculaire au détriment du fondamental.

Troisième raison : L'excessive sensibilité des politiques aux complaintes , non pas les plus motivées mais les plus bruyantes. Ainsi, des grévistes qui incendient des pneus devant leur usine , des ouvriers qui prennent le patron en otage, des paysans qui déversent des choux-fleurs devant une préfecture, des bonnets rouges qui saccagent des portiques, etc... méritent aux yeux du personnel politique une attention plus urgente que les dizaines de milliers de jeunes ou de moins jeunes dont le patron ne renouvelle pas le CDD ou qui galèrent au chômage depuis des années. Anonymes, dispersés, ceux-là n'ont aucune chance de se faire entendre.

Difficile pour tout un chacun d'admettre que ce qui est le plus visible n'est pas forcément le plus important. Encore plus difficile si l'on est tributaire du suffrage universel. Ont-ils conscience ces élus, que ceux qui les élisent sont les millions de citoyens qui vivent ou survivent dans le silence de leur inconfort, de leur soucis quotidiens, de leurs fins de mois qui arrivent le 15.

Mais il est vrai aussi qu'une élection se gagne plus dans les médias que dans les urnes.

Albert Grégoire

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5 janvier 2015 1 05 /01 /janvier /2015 16:42
Henri PENA-RUIZ

Henri PENA-RUIZ

Conférence du 19 décembre 2014Conférence du 19 décembre 2014Conférence du 19 décembre 2014

Quelques images de la conférence "LaÏcité et intégration" suivie par un public attentif. La richesse de la conférence animée par Henri PENA-RUIZ a fait l'objet de nombreuses qestions qui ont alimenté de pertinents échanges avec le conférencier.

 

 

 

 

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4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 12:10

Par Christian Lechevallier

IMPACT DES INVENTIONS ET DES TECHNOLOGIES SUR LES SOCIETES

Les technologies sous toutes les formes, ont été pour certains peuples le moyen direct d’étendre leur royaume et de conquérir d’autres peuples. Cela en fait la cause principale de l’histoire dans sa forme la plus générale.

« Les conséquences sur les sociétés de la maîtrise par certaines d’entre elles de technologies que d’autres ne possèdent pas, qu’elles les aient abandonné ou qu’elles aient refusé de les utiliser se traduisent parfois par la domination ou l’extinction des unes par rapport aux autres …..

L’histoire des techniques dépendrait elle uniquement du hasard des lieux de naissance d’une poignée d’inventeur ? …..le comportement des sociétés par rapport aux inventions est parfois étrange et ambigu.

C’est surtout une affaire non pas d’inventivité personnelle, mais de réceptivité des sociétés à l’innovation.

Certaines d’entre elles paraissent résolument conservatrices, repliées sur elles-mêmes et hostiles au changement. D’autres abandonnent brutalement les avantages technologiques qu’elles ont acquis perdant ainsi la possibilité de domination et d’hégémonie sur d’autres qui sauront, avec des moyens plus modestes prendre leur chance et conquérir le monde. (C’est le cas de la Chine et de l’Espagne puis du Portugal.)

Si certaines inventions ont bouleversé le monde, d’autres restent parfois sur une étagère en quête d’usage, tétraéthyle de plomb, gazoline (diesel) phonographe …..

Il arrive parfois que « le politique » sans vraie raison décide de mettre un terme à l’utilisation d’une technologie, les conséquences sont souvent considérables.

Comparons l’acceptabilité de diverses inventions au sein d’une même société.

Il apparaît qu’elle est influencée par quatre facteurs au moins.

Le premier de ces facteurs est l’avantage économique relatif par rapport à la technologie existante. Alors que les roues sont très utiles dans les sociétés industrielles modernes, cela n’a pas toujours été les cas dans d’autres sociétés. Les indigènes du Mexique avaient inventés des véhicules à roue pourvus d’essieux : ce n’étaient pas un moyen de transport mais des jouets d’enfants. On a peine à le croire tant qu’on ne s’est pas aperçu qu’ils manquaient d’animaux domestiques pour tirer leurs véhicules à roue, qui ne présentaient donc aucun avantage par rapport aux porteurs.

Une deuxième considération est la valeur sociale et le prestige qui peuvent primer sur le bénéfice économique. C’est le cas de la chine qui, après trente ans d’expéditions de prestige met fin à ses expéditions maritimes au XVème siècle dans l’océan indien et en Afrique de l’est par opposition à l’Espagne et au Portugal qui à la même époque partent à la conquête des Amériques.

La fin de la démarche de l’une correspond au début de celle des autres. On n’a pas trop de mal à mesurer l’impact des choix fait par les uns et les autres.

Alors que les européens quittent le continent sur de vieux bateaux inadaptés à la navigation de haute mer et armés par des aventuriers, le chine depuis le Ier siècle produit des technologies de pointe et fabrique des navires de haute mer modernes.

Entre 1405 et 1433, principalement sous Yongle, le troisième empereur Ming, l'amiral Zheng He – un eunuque musulman – dirigea sept expéditions navales d'une durée moyenne de deux ans, qui atteignirent Java, Sumatra, les Indes, la Perse, l'Arabie et par deux fois, l'Afrique orientale. Sa flotte – ou plutôt son corps expéditionnaire composé de 28 000 hommes – a compté jusqu'à 62 vaisseaux, dont certains atteignaient 200 mètres. Ces expéditions qui n’étaient ni commerciales ni de conquêtes, mais des manifestations de puissance et de représentation politique, permirent d'établir des relations avec 35 nations dont certaines devinrent un temps tributaires de l'empire. Elles marquent surtout l'apogée du dynamisme maritime chinois, déjà notable aux XIème et XIIème siècles : les Song du Sud (1127-1279) furent la première dynastie à construire et à entretenir une flotte de guerre. Les techniques navales et la cartographie chinoises étaient alors en avance sur l'Occident : les grandes jonques de haute mer, dotées de 3 ou 4 mats pouvaient, en 1225 embarquaient 400 passagers et utilisait des technologies modernes : gouvernail d'étambot (attesté au Ier siècle avant notre ère), boussole, (d'usage courant au début du XIIème mais très vraisemblablement connue antérieurement), voiles ferlées et lattées, guindeau, compartiments étanches, etc.

À partir de 1433, les grandes expéditions navales impériales – extraordinairement coûteuses et très critiquées pour cette raison – cessent et, avec elles, l'expansion maritime chinoise. Ce seront finalement les marins portugais qui atteindront la Chine en 1514.

Le troisième facteur est la compatibilité ou l’incompatibilité avec les intérêts acquis de technologie déjà existante.

Pourquoi le Japon domine t-il aujourd’hui le marché mondial des produits électroniques transistorisés de consommation, au point de déséquilibrer la balance des paiements des Etats-Unis avec le Japon alors même que les transistors ont été inventés et brevetés au Etats-Unis ? Parce-que Sony a acheté les brevets du transistor à Western Electric à une époque où l’Electronique Américaine de consommation produisait quantité de modèle de tube à vide et répugnait à créer de la concurrence avec ses propres produits.

Pourquoi les villes britanniques en étaient-elles encore aux réverbères à gaz dans les années 1920, longtemps après que les villes américaines et allemandes furent passées à l’éclairage électrique ? Parce que les municipalités britanniques avaient consenti de gros investissement dans l’éclairage au gaz et adopté des règlements entravant la concurrence des compagnies d’éclairage électrique.

La quatrième et dernière considération affectant l’acceptation des techniques nouvelles est la facilité avec laquelle on peut observer leurs avantages.

Nous avons vu qu’au XVème siècle la Chine mettait brutalement fin à de grandes expéditions maritimes faisant ainsi disparaître une industrie maritime florissante (mais sauvant également des millions d’arbres car cette époque d’intense construction navale réduira de moitié la couverture forestière du sud de la Chine).

L’histoire s’est répétée au XXème, le Canada dans les années 50, a offert le surprenant spectacle de la disparition son industrie aéronautique de défense par la « destruction » soudaine de l'avion supersonique de conception entièrement Canadienne, Arrow de « A.V.Roe » industrie

C’était il y a 50 ans. Comme en Chine 5 siècles plus tôt, le pouvoir politique conservateur, très centralisé, dirigé par John Diefenbaker va brutalement invoquer la raison économique et balayer d’un revers de main des années d’études et d’inventions novatrices pour faire le choix d’une technologie Américaine et vieillissante sur étagère, sacrifiant ainsi son indépendance en matière d’industrie de défense et renonçant par là même aux bénéfices qu’elle aurait pu en tirer. En fait les Américain considéraient que l’espace aérien Canadien devait être le champ de bataille servant à détruire les missiles balistiques soviétique. Pour cela ils eurent la bonne idée de vendre leurs missiles BOMAC aux Canadiens, les chargeant ainsi du « boulot » et amortissant également le cout de ses missiles. Personne n’a évoqué, à l’époque, les conséquences de la chute des missiles soviétiques abattues sur le sol canadien.

Un différent va opposer le cabinet Diefenbaker sur le choix d’équiper ces missiles de têtes nucléaire causant ainsi sa chute en 1963.

Les conséquences de la disparition de ce projet, le 20 février 1959, eût pour résultat la mise à pieds de 14.000 ingénieurs, techniciens et personnel de production de la compagnie A.V.Roe de Toronto en une seule journée. De plus les sous-traitants de la compagnie mirent au chômage 36.000 employés à travers le pays, soit un total de 50.000 travailleurs. Plusieurs de ces spécialistes furent engagés par les grandes compagnies aéronautiques américaines et britanniques. Le Canada perdit ainsi l'avant garde d’une industrie aérospatiale naissante. Certains cadres du projet ont travaillé sur la conception et la réalisation du LEM, le véhicule spatiale de la NASA qui se posa sur la Lune quelques années plus tard.

Les conséquences au Canada comme en Chine 5 siècles plus tôt seront la disparition pure et simple d’un pan entier de l’industrie

Le phonographe est un autre exemple, son inventeur, Thomas Edison avait prévu plusieurs applications pour son invention, parmi lesquelles : conserver les dernières paroles d’un mourant, enregistrer des livres pour les aveugles, annoncer l’heure et enseigner l’orthographe…..il se passa de nombreuses années avant qu’il commercialise sont invention comme dictaphone pendant que d’autres construisirent des juke-box où il suffisait d’introduire une pièce pour écouter de la musique. Ce n’est qu’une vingtaine d’année plus tard qu’il admit à contre cœur que l’application principale de son invention était d’enregistrer et d’écouter de la musique. Il eut quant même plus de chance que le PDG de « A.V.roe » .

Au cours de l’histoire d’autres inventions eurent des conséquences qui bouleversèrent la société. En Europe, la plus importante sera le développement de l’imprimerie au XIVème et XVème siècle. En utilisant l’imprimerie à caractères mobiles et en traduisant la Bible Gutenberg va être, sans le savoir à l’origine du schisme de l’église catholique qui donnera naissance à l’Eglise réformée, aux guerres de religions, qui vont entrainer la migration d’une importante partie de l’élite intellectuelle française, composée d’une centaines de milliers de personne. L’Eglise qui dirigeait le monde chrétien à côté des rois sera impuissante à endiguer la soif de connaissance que va produire la diffusion des livres. L’imprimerie sera l’ancêtre d’internet et première invention à accélérer la transmission des données.

D’autres « progrès » technologiques, ont influencés l’histoire :

L’introduction du canon en Europe, l’invention du chronographe de marine ou l’abandon de l’usage du fusil au Japon. La liste serait encore longue.

Aujourd’hui, l’usage de l’énergie nucléaire fait débat car jugée trop dangereuse par certains pays qui choisissent d’autres technologies ou décident tout simplement de l’abandonner, comme l’Allemagne. L’histoire se répèterait-elle. Qu’un pays comme l’Allemagne, de 60 millions d’habitants, décide d’autres choix de production d’énergie est une chose, mais pour des pays émergeant peuplés comme le Brésil de 193 millions d’habitants, de la Chine 1,5 milliards, l’Inde 1,8 milliards d’habitants et du continent africain passé de 227 millions d’habitants en 1950 à 1 milliard aujourd’hui et à 2 milliards en 2050 il est très peu probable que les panneaux solaires seront la solution retenue. Ils ont décidé de prendre les premières places dans l’économie mondiale. Pour cela ils vont avoir besoin d’une quantité d’énergie considérable que seul le nucléaire pourra leur donner. Ce n’est surement pas un hasard si la chine a investi dans le projet ITER et ce n’est surement pas un hasard si ce projet se réalise en France.

Ces pays émergeant ont la volonté de hisser leur niveau de vie à hauteur des nations européennes qui autrefois les ont exploités. Pour se développer, il leur faudra de l’énergie. Celui qui pourra leur donner sera dans la position des pays arabes aujourd’hui. Si l’exploitation de l’énergie nucléaire présente un risque, n’est-ce pas plutôt ceux qui l’exploitent qui sont dangereux. A n’en pas douter, si 34 nations se sont rassemblées pour réalise ce projet sur 30 ans, 10 de réalisation et 20 d’exploitation c’est que l’avenir des sociétés dépendra de leur capacité à produire de l’énergie. La France va jouer, dans ce projet, les tous premiers rôles. On peut alors s’interroger sur la pertinence du programme politique des écologistes, face aux devenir des nations en voie de développement, 4 milliards de femmes et d’hommes qui aspirent à un peu, beaucoup de richesses. Ils attendent leur tour depuis …. deux siècles ….. Ils vont avoir très faim.

Deux éléments ont inspirés ce travail, le programme anti-nucléaire du parti écologique aux futures élections présidentielles et un chapitre du livre de « Jared DIAMOND » « De l’inégalité parmi les sociétés ». Essai sur l’homme et l’environnement dans l’histoire. »

Dans cet ouvrage de 500 pages l’auteur réponds à la question :

Pourquoi ne sont-ce pas les indigènes d’Amérique, les Africains et les aborigènes australiens qui ont décimé, asservi et exterminé les Européens et les Asiatiques.

Physiologiste à l’université de Californie et spécialiste des sociétés, Jared Diamond est également l’auteur de deux autres essais :

« Le troisième chimpanzé ». Essai sur l’évolution et l’avenir de l’animal humain paru en 2000.

« Effondrement ».Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie. Paru en 2006.

J’invite ceux d’entre vous qui cherchent des réponses à l’état actuel de notre monde, et en particulier à la situation des différentes sociétés qui le compose à lire cet auteur.

Dans l’ouvrage qui nous intéresse, il abord, au chapitre 13 un sujet d’actualité qui nous intéresse ce soir :

L’impact des inventions et des technologies sur les sociétés.

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25 novembre 2014 2 25 /11 /novembre /2014 18:04

Henri Pena-Ruiz,

lauréat du Prix National de la Laïcité 2014

pour son « Dictionnaire amoureux de la laïcité »

Laïcité et intégration, pour vivre ensemble la laïcité plus que jamais

Faite pour tout le peuple, la République laïque libère le droit de ce qui divise les hommes. Ni religions reconnues, ni athéisme consacré. Une même loi vaut pour tous.

A la liberté de conscience se conjugue la pleine égalité de celui qui croit au ciel et de celui qui n’y croit pas. La complicité tendue de Dieu et de César laisse la place à l’affranchissement réciproque de Dieu et de Marianne.

Comment un tel idéal républicain, essentiel dans un monde où se mêlent des populations aux origines et aux traditions si diverses, s’est-il formé historiquement et fondé philosophiquement ?

Telle est la question qui sera traitée par Henri Pena-Ruiz. Les enjeux actuels de la laïcité comme levier d’émancipation en même temps que cadre d’intégration seront développés.

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25 novembre 2014 2 25 /11 /novembre /2014 17:50

PARTENARIATS PUBLIC-PRIVE

Par Michel Thomas

Les contrats de partenariat sont des contrats administratifs par lesquels l’Etat ou un établissement public de l’Etat (donc, par exemple, une collectivité territoriale,) confie à un tiers une mission globale relative au financement d’investissements nécessaires au service public, à la construction ou transformation des ouvrages ou équipements, ainsi qu’à leur entretien, leur maintenance, leur exploitation ou leur gestion.

Le cocontractant de la personne publique assure la maîtrise d’ouvrage des travaux à réaliser.

Sa rémunération fait l’objet d’un paiement par la personne publique pendant toute la durée du contrat.

Le principal défaut de ces contrats, qui ont fait, depuis 2004, l’objet d’une organisation législative (voir notamment loi n° 2008-è (du 28 juillet 2008) c’est de n’être pas soumis au code des marchés publics, mais ce n’est pas le seul :

-confiant à des entreprises privées la conception de l’ouvrage ils entraînent nécessairement que priorité absolue soit accordée à la rentabilité ; c’est ainsi que dans le projet d’aéroport N-D. des Landes, une rentabilité financière de 12 % a été prévue.

-reportant sur le futur l’essentiel des dépenses, ils dissimulent une partie de la dette publique ;

-abandonnant totalement au cocontractant la maîtrise de l’ouvrage, ils exposent l’établissement public signataire à des risques considérables : malfaçons, inadaptation aux besoins et à leur évolution notamment.

-Ils sont le plus souvent assortis de clauses de dédit prohibitives qui visent à interdire toute discussion a posteriori et empêchent les successeurs des contractants de stopper l’hémorragie ! C’est ainsi que le Centre Hospitalier Sud Francilien a dû verser un dédit de 80 millions d’€ pour se dégager d’un PPP qui le liait à une filiale d’Eiffage et l’obligeait à un loyer annuel de 40 millions d’€ pendant 34 ans pour un investissement initial de 344 millions qui ne permettait pas de faire face à l’évolution des besoins.

- Ils sont l’occasion de multiples conflits d’intérêt. C’est ainsi que le rapport sur l’intérêt économique et la faisabilité de l’aéroport ND des Landes a été rédigé par Bernard Hagelsteen, alors préfet de la région Pays-de-Loire, et qui, depuis est devenu le conseiller de Pierre Coppey, président de Vinci-Autoroutes, alors que le groupe Vinci a été choisi pour réaliser cet aéroport, aussi contesté que contestable, puisqu’il a été démontré que, prétendument indispensable parce que celui de Nantes était trop petit, il était en fait plus petit que celui qu’il devait remplacer !

Après avoir examiné en détail le PPP qui défraie actuellement la chronique, c'est-à-dire celui de l’écotaxe, conclu avec la société ECOMOUV, nous verrons ce que pensent de ce type de contrat les politiques qui ont étudié la question,

Comment fonctionne le lobby des PPP ? Et quels dangers cette pratique fait courir à la démocratie ?

PPP de l’écotaxe

Le contrat a été officiellement signé le 20 octobre 2011 par le directeur des infrastructures du ministère des transports, Daniel Bursaux, mais cette signature avait été précédée d’un accord écrit de N-K. Morizet, ministre de l’environnement et de V. Pécresse, ministre de l’économie et des finances ; mais c’est J-L. Borloo qui, après le Grenelle de l’environnement, a lancé l’écotaxe et c’est D. Bussereau, ministre des transports, qui a supervisé le lancement du projet.

Dès le 31 mars 2009, J-L. Borloo lance un appel d’offres pour la mise place d’un télépéage sur l’écotaxe, dans le cadre d’un partenariat publi-privé. Mais il le fait dans le cadre d’une procédure spéciale, uniquement possible pour les PPP, le dialogue compétitif. Les offres peuvent évoluer au gré des discussions. Une solution proposée par un candidat peut être reprise par un autre ; officiellement cela permet à l’Etat de prendre les meilleures idées partout. Dans les faits, cela peut donner lieu à tous les tours de passe-passe.

Sous couvert d’écologie tous ces gouvernants ont accepté des mesures exorbitantes du droit commun, allant jusqu’à revenir sur le principe républicain selon lequel seul l’Etat perçoit l’impôt, et dans des conditions extravagantes au détriment de l’Etat :

-Dédit de 800 millions d’€

-rémunération annuelle de 240 millions d’€ pour une recette estimée à 1,2 milliards, soit un taux de frais de recouvrement de plus de 20%, alors que le recouvrement par les services de l’Etat coûte moins de 1%. « C’est le grand retour des fermiers généraux » dénonce Elie Lambert, responsable d’un syndicat douanier. Notons que si le contrat avait été respecté une mensualité de 20 millions € aurait dû être versée dès le 1er janvier 2014 alors qu’ECOMOUV n’était pas encore prête à faire fonctionner le système.

Soupçons de corruption.

Le 13 janvier 2011, Pierre Chassigneux, président de la SANEF, écrit au chef de cabinet du premier ministre François Fillon. Il est inquiet : il le prévient qu’au vu d’un certain nombre de distorsions dans l’appel d’offres son groupe n’hésitera pas à porter le dossier devant la justice ; il écrit : « le groupe est tout à fait prêt à s’incliner devant une offre concurrente jugée meilleure, à condition que les règles de fair-play et de saine concurrence soient respectées, ce qui n(est hélas ici manifestement pas le cas » SANEF se serait vu conseiller d’appeler un grand cabinet d’avocats s’il voulait l’emporter. Chassigneux fait alors un signalement auprès du service central de prévention de la corruption, puis la ministre, (NKM) le classement des appels d’offre ayant été publié le 14 janvier 2011, choisit immédiatement de retenir l’offre du candidat italien. Le groupe SANEF dépose une requête en référé auprès du T.A. de Cergy-Pontoise qui lui donne satisfaction et casse l’appel d’offres.. Le ministre des transports (Thierry Mariani) fait aussitôt appel de cette décision devant le Conseil d’Etat qui casse le jugement, valide l’appel d’offre et confirme l’attribution du marché à ECOMOUV. Des pressions s’exercent sur Chassigneux qui a aussi signalé le dossier à la brigade de la délinquance économique. Les représailles ne tardent pas : sa candidature à la présidence de l’association des autoroutes de France est écartée. C’est Alain MINC qui lui est préféré.

Sur les soupçons de corruption une enquête préliminaire avait été ouverte par le parquet de Paris ; en juin 2011 le dossier a été transmis au parquet de Nanterre, territorialement compétent. A l’époque ce parquet était dirigé par le juge Philippe Courroye. Depuis, il n’y a plus aucune nouvelle à ce sujet.

Un contrat en or.

Au fur et à mesure des discussions avec l’Etat ce PPP a beaucoup évolué, passant notamment d’une durée de dix ans à treize ans et trois mois sans explications ; ce sont donc 3,2 milliards et non 2,4 milliards qui ont été promis à ECOMOUV. Jamais l’état n’a signé un PPP aussi ruineux. En outre les services des douanes seront chargés de poursuivre et arrêter les contrevenants.

ECOMOUV a été créée au capital de 30 millions d’€, ce qui est vraiment peu pour un projet évalué autour de 800 millions. Les investissements qu’elle a réalisés ont donc été financés par des emprunts auprès d’un consortium bancaire emmené par le CA au taux moyen de 7.01 %. L’Etat, lui, emprunte à 2,70 %.

A fin 2013 l’endettement d’ECOMOUV s’élevait à 485 millions ; même si l’on ajoute les 30 millions de capital, les investissements devaient être remboursés en moins de trois ans. L’effet de levier est gigantesque.

Une taxe qui n’a d’écologique que le nom.

Lorsque le Conseil d’Etat approuve, le 27 juillet 2011 le schéma futur de taxation du réseau routier soumis à l’écotaxe, il y a une première surprise : les autoroutes n’y figurent pas, mais seulement15000 km de routes nationales. Motif avancé : les camions paieraient déjà la taxe au travers des péages : or les stés privées d’autoroutes s’acquittent seulement d’une redevance d’occupation du domaine public. Elle était de 200 millions par an ( pour 7,6 milliards de recettes en 2011) elle a été portée à 300 millions en 2013.Ne pas inclure les autoroutes qui accueilleront tous ceux qui voudront refuser l’écotaxe, c’est faire bénéficier les sociétés concessionnaires d’une super prime.

Et il n’y a pas que cela qui choque dans le schéma retenu : la Bretagne, qui n’a aucune autoroute payante, se voit imposer la taxation sur l’essentiel de son réseau routier. L’Aveyron, grand lieu de passage des camions, se voit taxé en plusieurs endroits. En revanche toutes les routes nationales entre la France et l’Italie n’ont aucun portique de taxation.

Il n’est pas inutile de souligner que les gouvernements issus des élections de 2012 n’ont absolument pas tenté de remettre en cause le contrat ECOMOUV. Le 11 décembre 2013 Frédéric Cuvillier, ministre des transports, était entendu comme témoin par la commission d’enquête de l’assemblée nationale sur l’écotaxe. « J’assure la continuité de l’Etat. Je suis là pour défendre un dispositif voté et faire respecter les engagements pris par l’Etat » déclarait-il.

Et depuis que la nouvelle ministre de l’écologie et des transports a pris la décision d’abandonner l’écotaxe la plupart des grands médias met l’accent sur le coût exorbitant de cette renonciation.

Les sénateurs demandent de restreindre l’usage des PPP

De la Cour des comptes à l’Inspection générale des finances, le constat finit par faire l’unanimité : les PPP sont dangereux pour les finances publiques. Le rapport de la commission des lois du Sénat, présenté le 16 juillet 2014 par les sénateurs J-P. Sueur (PS ) et Hugues Portelli (UMP) pointe à son tour les dangers de ces contrats qui se sont multipliés ces dernières années et appelle à un encadrement beaucoup plus strict de leur application. A partir de 2007 une législation très compréhensive a été mise en place ; les PPP se sont généralisés, avec le soutien de la « mission d’appui des PPP (MAPPP), qui fait, selon les sénateurs, œuvre de prosélytisme.

Utilisés pour les universités, les prisons, les hôpitaux, les ministères, ces contrats sont devenus une véritable technique de « hors-bilan » pour les instances publiques, permettant de cacher et de reporter à plus tard le paiement de la dette. Ils estiment que ces contrats conduisent à un « quasi doublement des charges à payer sur le long terme par rapport au montant de l’investissement équivalent qui serait réalisé en maîtrise d’ouvrage publique ». Ils notent que, créés en 2004 pour un usage dérogatoire, les PPP sont devenus un outil contractuel parmi d’autres, « concurrençant les marchés publics classiques ou les délégations de service public ». Ils soulignent qu’ils aboutissent à évincer de ces marchés les PME et faussent donc la concurrence en facilitant les ententes..

Y aurait-il des escrocs du PPP ?

C’est la question que posait MEDIAPART le 13 février 2014 en soulignant que le régime juridique des PPP méprise le fonctionnement des institutions et notamment la compétence exclusive du législateur en matière de finances : art. 34 de la constitution : « les lois de finances déterminent les ressources et les charges de l’Etat ».

Soulignant que les PPP méprisent le principe de séparation des pouvoirs au profit d’intérêts financiers privés, l’auteur de l’article estime qu’il y a manifestement une escroquerie à l’impôt à laquelle les hauts fonctionnaires ne peuvent pas collaborer sans commettre une faute relevant de la Cour de discipline budgétaire et financière. Il note qu’il est anormal qu’un pouvoir déclarant la France en faillite ait signé des PPP (Ecotaxe, Palais de justice de Paris, Pentagone Balard, TGV Bordeaux, Aéroport ND des landes…) qui sont des moyens ruineux.

Au grand raout du lobby des PPP.

Le 17 juin 2014 le gratin du BTP, quelques élus et des hauts fonctionnaires ont fêté au champagne les dix ans de l’ordonnance officialisant les PPP en France.

L’accent a été mis sur la nécessité « de mettre le paquet en matière de communication », c'est-à-dire sur la mission de Marc Teysier d’Orfeuil (agence Com’Piblics mais aussi animateur du club des amis du cochon, de celui des voitures écologiques et du club des eaux minérales naturelles) ; il a fait état d’un prochain rendez-vous avec Emmanuel Macron et promis de rencontrer aussi J-P. Jouyet !

On avait annoncé la présence de Razzi Hamady, député PS de Seine-Saint-Denis, mais il n’est finalement pas venu. Cet habitué du club des PPP aurait pu parler du faramineux contrat de construction de collèges signé par Claude Bartolone dans son département.

En déplacement à Saint-Romain-la –Virée, en Gironde le 20 octobre Manuel Valls a affirmé qu’il avait l’intention de relancer les PPP !

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Conférences et réunions

Conférences 2010

  • Le 19/03/2010 - "L'identité nationale, représentations, histoire, enjeux" par Roger Lefers - Agrégé de l'Université, Président du Cercle Condorcet 06 
  • Le 25/06/2010 - "Société tibétaine, bouddhisme et Dalaï Lama"  par Gérard Vial 
  • Le 30/10/2010 - "Vous avez dit misère ou pauvreté ?" par José Gomez, Diplomé en Sciences de l'Education Sociales et Humaines, Chef d'Unité d'Enseignement à l'occasion de la Journée Mondiale de la Pauvreté
  • Le 17/12/2010 - "Femme, Sociétés, Laïcité" par Jean-Claude Daugeron à l'occasion de la Fête de la Laïcité -

 Conférences 2011

  • Le 11/03/2011 - "Civisme et citoyenneté" conférence table-ronde animée par Candice Schwaar
  • Le 17/06/2011 - "Ecole publique laïque : l'enjeu" conférence-débat par Mme Christine Sampéré élue de la municipalité de la Seyne-sur-Mer
  • Le 07/10/2011 - "L'islamisme ou la modernité mutilée" par Madame Chahla Chafiq, docteure en sociologie et essayiste. Lauréate Sciences Humaines et Sociales de la 13ème Edition "Le Monde de la recherche universitaire"
  • Le 09/12/2011 - "Autour de la Laïcité en six thèmes" à l'occasion de la Fête de la Laïcité, Echange/débat, présentation de Jean-Claude Daugeron et  interventions des membres du Cercle Condorcet Var-Est

Conférences 2012

  • Le 14/03/2012 - "Condorcet aujourd'hui" conférence par le professeur Charles Coutel, spécialiste de Condorcet
  • Le 13/06/2012 - "La mission de l’école de la République et les valeurs qu’elle défend sont-elles toujours d’actualité ? "  par José Gomez
  • Le 17/10/2012 - " Spinoza face à l'intolérance " par Alain Billecoq Agrégé de Philosophie
  • Le 12/12/2012 - "La Laïcité dans un pays à majorité de population musulmane : l'expérience turque" par  Metin Ancem

Conférences 2013

  • Le 22/03/1013 - " La Constituante : Pourquoi pas ?  " par André Bellon, parlementaire AHP  anime le journal ‘’République’’ - Président de la Commission des affaires étrangères
  • Le 14/0602013 - " Les tourmentes de l'adolescence" par José Gomez
  • Le 18/10/2013 " L'humanisme solaire de Camus " par Madame Colette Guedj, écrivain et professeur émérite à l'UNSA (Université de Nice Sophia Antipolis). 2013 étant l'année du centième anniversaire de la naissance d'Albert Camus
  • Le 13/12/2013 - Manifestation consacrée à la Laïcité

 

Réunions thématiques  (Premier lundi du mois à 19 heures)

Maison des associations

213, rue de la Soleillette

83700 Saint-Raphaël 

 

Réunions thématiques 2010 

  • Le 04/01/2010- "Il faut détruire Jérusalem..." par Albert Grégoire 
  • Le 01/02/2010 - "Divorce, phénomène de société" par Jean Cristina 
  • Le 01/03/2010 - "L'information du citoyen peut-elle être impartiale ?" par Michel Ruby
  • Le 05/04/2010 - Reportée 
  • Le 03/05/2010 - "Nanotechnologie, pour le meilleur et pour le pire" par Véronique Dupont
  • Le 06/09/2010 - "Pourquoi Condorcet  ?" par Raymond Abel
  • Le 04/10/2010 - Assemblée Générale
  • Le 06/12/2010 - "Y a-t-il déclin de l'Occident ?" par Gérard Gras  

Réunions thématiques 2011

  • Le 03/01/2011 - "Le vrai visage de la République" par Michel Thomas
  • Le 07/02/2011 - "Tous malades ?!?... abus de médicaments" par Albert Grégoire
  • Le 07/03/2010 - Pas de réunion en raison de la proximité avec la table-ronde
  • Le 04/04/2011 - "Déclaration universelle des droits de l'homme et droits fondamentaux" par Véronique Dupont
  • Le 02/05/2011 - "Energies renouvables" par Michel Ruby
  • Le 06/06/2011 - "Révolution fiscale ?!?" par Michel Thomas
  • Le 05/09/2011 - Pas de réunion, reprise d'activité avec la conférence du 7/10/2011
  • Le 03/10/2011 - Pas de réunion en raison de la proximité avec la conférence
  • Le 07/11/2011 - Assemblée Générale et "Sortir de la crise. Quelles solutions possibles ?" par Gérard Gras
  • Le 05/12/2011 - Pas de réunion en raison de la proximité avec la conférence interactive

 Réunions thématiques 2012  

  • Le 02/01/2012 - Réunion annulée 
  • Le 06/02/2012 "L'eau, enjeu international et en région PACA" par Michel Ruby
  • Le 05/03/2012 - Pas de réunion en raison de la proximité avec la conférence
  • Le 02/04/2012 - " Les paradis fiscaux en 7 vers illustres " par Raymond Abel d'après le livre de Nicholas Shaxon
  • Le 07/05/2012 - " La démocratie est-elle une illusion ? " par Michel Thomas
  • Le 01/10/2012 - " Ceux pour qui la fête continue !" par Raymond Abel
  • Le 05/11/2012  -  Assemblée générale
  • Le 03/12 /2012 - "Citoyenneté, Démocratie, Etat-nation" par Albert Grégoire

Réunions thématiques 2013    

  • Le 07/01/2013 "La sélection des "élites" en démocratie" par Michel Thomas
  • Le 04/02/2013 - " Qui jette un oeuf, jette un boeuf..." par Véronique Dupont
  • Le 04/03/2013 - " L'armée française en Afrique, ces 20 dernières années " par Maurice Accary
  • Le 06/05/2013 - " Agriculture et Littoral, un avenir à haut risque... ! "par Michel Ruby
  • Le 03/06/2013 - " Le petit "De Gaulle " illustré " par Michel Thomas
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